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Consommables toute l’année, encore plus appréciés au moment des fêtes, les produits de la pêche, principalement de la mer, sont de plus en plus nombreux dans le circuit bio, aussi bien au rayon frais qu’au rayon surgelés et bien entendu conserves. Les bénéfices qu’apportent ces poissons, fruits de mer et autres crustacés dans le cadre d’une alimentation équilibrée sont bien connus. Mais par définition, ils ne peuvent pas - sauf exception comme l’aquaculture - être certifiés bio. Consommer responsable nécessite donc d’autres critères.

 

La pêche, une activité aussi vieille que l’humanité

Depuis l’origine de l’humanité, bien avant l’invention de l’agriculture, l’homme a pêché. Car la pêche s’apparente à la chasse et à la cueillette sauvage, pratiques qui furent celle de nos plus lointains aïeux. D’ailleurs, d’un point de vue légal, les pêcheurs sont assimilés à des chasseurs ou à des cueilleurs, « Bien qu’on le considère souvent comme un « producteur », le pêcheur ne produit pas mais il prélève une part de la ressource naturelle. La ressource naturelle est renouvelable mais elle n’est pas illimitée » (IFREMER / Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer).

Contrairement aux « pêcheurs à pied » qui pêchent en eau très peu profonde voire sur l’estran (zone découverte à marée basse), les marins pêcheurs opèrent en pleine mer, utilisant un bateau qui, dans un pays comme la France, est inscrit au registre des flottes de pêche. Ces marins pêcheurs sont structurés en « Organisation des producteurs » (OP) régionales, jouant un rôle important dans la gestion de la ressource et la mise sur le marché des produits de la mer, organisations fonctionnant dans le cadre de « pêcheries ». Celles-ci désignent à la fois une zone géographique donnée et une ressource précise, par exemple « la pêcherie de hareng de l'Atlantique Nord-Est ».

 

La pêche durable, c’est quoi ?

Le souci est qu’au cours des dernières années, avec les progrès technologiques et les besoins croissants pour nourrir une population de plus en plus nombreuse, impliquant une mondialisation toujours plus forte de la pêche, les ressources marines se sont appauvries, à la fois en quantité et en qualité (biodiversité), en raison de la surpêche, sans parler de la pollution marine, de l’impact des changements climatiques.

Il est donc vital, parce que la mer est à la fois une source d’alimentation et de revenus, de préserver ce patrimoine pour les générations futures. Le but de la pêche durable est donc d’être éco-responsable, en laissant davantage de poissons dans la mer en comparaison d’une pêche non raisonnée, mais aussi en réduisant l’impact environnemental.

Plus précisément, non seulement cette pêche durable doit respecter les réserves en produits de la mer, c’est-à-dire permettre leur renouvellement naturel, mais elle ne doit pas affecter non plus, même accidentellement, les espèces menacées ou les autres espèces animales ou végétales, depuis les algues jusqu’aux oiseaux en passant par les coraux ou les mammifères marins comme les phoques. Cela sous-entend par exemple qu’on ne doit pas attraper des poissons (…ou des oiseaux) qui, blessés, seront rejetés à l’eau après tri mais vont sans doute mourir, qu’il ne faut pas utiliser des techniques qui détruisent les fonds marins, polluer la mer avec les rejets des bateaux, etc.

 

Certifier la pêche

A l’instar de ce qui est fait dans d’autres domaines (agriculture biologique, commerce équitable ou gestion durable des forêts), seule une certification, c’est-à-dire la vérification d’une conformité par rapport à un cahier des charges, peut garantir qu’une pêche respecte tous les critères faisant qu’elle peut être qualifiée de durable.

Il n’existe que peu de certifications « pêche durable » dans le monde. Une des plus importantes est celle du MSC (pour Marine Stewardship Council, signifiant « Conseil pour la bonne gestion des mers »), une organisation internationale à but non lucratif, née à Londres en 1997, dont le référentiel a été présenté en 1998. Les premiers produits de la pêche certifiés MSC ont été mis sur le marché en mars 2000. De 150 produits labellisés disponibles dans plus de 10 pays en 2003, on est passé à plus de 26 000 produits dans environ 100 pays du monde entier en août 2017 (avec 315 pêcheries certifiées dans plus de 30 pays, plus 91 pêcheries en cours d'évaluation). A cela s’ajoutent environ 3 900 détenteurs d’un certificat « Chaîne de Garantie d’Origine », implantés sur un total de 39 000 sites, un référentiel portant jusqu’à la consommation (restaurants, poissonneries…) ayant été également créé en 2001.

10 pêcheries françaises, sur l’Atlantique et la Manche, sont certifiées MSC (une est en cours d’évaluation). Plus de 1 900 produits certifiés MSC sont vendus en France et plus de plus de 190 entreprises françaises sont titulaires du certificat « Chaîne de Garantie d’Origine ». Les près de 9,9 millions de tonnes de produits de la mer des pêcheries certifiées MSC représentent environ 12 % des captures annuelles mondiales provenant de pêcheries en milieu sauvage.

Friend of the Sea (FOS) est une autre labellisation, également délivrée par une organisation à but non lucratif, crée en 2006 à l’initiative d’une organisation américaine (Earth Island Institute ou EII) mais basée en Italie. Sa particularité est qu’elle labellise non seulement des produits de la pêche, mais également des produits issus de l’aquaculture. FOS revendique être « actuellement le plus grand système de certification des pêcheries durables, ayant à son actif l'évaluation de plus de 10 millions de tonnes de captures de poissons et 500 000 tonnes de produits de l'aquaculture ». A la différence de MSC, aucune pêcherie française n’est semble-t-il labellisée FOS, ce qui explique que ce label est moins présent en France.

 

Le principe

Qu’il s’agisse de MSC ou de FOS, le principe est le même que celui mis en place pour les autres certifications, comme l’agriculture bio : des organismes de certification sont accrédités pour évaluer les pêcheries et les entreprises de la chaîne d’approvisionnement selon les référentiels concernés. Après une pré-évaluation, des audits réguliers, en général annuels, sont réalisés pour contrôler le respect du cahier des charges.

De nombreux critères sont pris en compte pour garantir le maintien des stocks de poisson et le respect de l’environnement marin. Ils concernent aussi bien les techniques employées que la gestion de la pêche, allant de la saison de pêche à la fréquence de celle-ci ou le nombre de jours de pêche, en passant par le nombre de bateaux et leur taille, le type de matériel utilisé (pêche à la ligne, chalut de fond ou chaluts pélagiques) en fonction des zones et des espèces ciblées.

Par exemple, les chaluts pélagiques (filets remorqués évoluant en pleine eau, entre la surface et le fond, sans être en contact avec ce dernier) ont en général très peu d’impact sur les fonds marins. Les chaluts de fond passent par contre sur ou directement au-dessus des fonds marins pour capturer les poissons vivants sur ces fonds. Comme le précise le MSC, en fonction de la taille, du poids et d’autres caractéristiques de ces chaluts de fond, mais aussi de la zone géographique où ils sont employés, leur impact sur les fonds marins peut être très différent. Autre exemple de critère technique précisé par MSC, pour que les oiseaux de mer (comme les albatros) ne soient pas pris dans les filets, attirés par les poissons remontés, on utilise des banderoles d’effarouchement colorées au-dessus de ces filets pour les effrayer et les garder à distance. Dernier exemple MSC, pour la pêche aux crevettes, les filets doivent être munis de grilles de tri, c’est-à-dire d’une trappe sur le haut qui permet aux poissons de s’échapper alors que les crevettes sont collectées sur le fond du chalut.

En choisissant des produits de la mer certifiés durables, les distributeurs et les consommateurs ont donc la garantie que ceux-ci respectent les meilleurs critères pour préserver les ressources naturelles de la mer, ceci à la fois sur le plan alimentaire et sur le plan économique, pour tous ceux qui vivent de la pêche.


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