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La gemmothérapie est une branche particulière de la phytothérapie, basée entre autres sur les bourgeons(ou « gemmes ») de plantes. Ici des bourgeons d’amandier (Photo Wiki Commons Abalg).

Ah, les gemmes, ces pierres précieuses aux couleurs et aux reflets si chatoyants : turquoise, tourmaline, obsidienne, rubis, agate, lapis lazuli… Pour beaucoup, ces pierres sont dotées de propriétés « vibratoires » bénéfiques pour notre bien-être. Mais en fait, ces propriétés supposées relèvent de la lithothérapie (lithos = « pierre » en grec) et non de la gemmothérapie, contrairement à ce que pensent parfois certaines personnes. Car la gemmothérapie est en fait une branche de la phytothérapie et concerne donc les plantes !

 


Bourgeon de rose, rubis et halite : trois sortes de gemmes (Photos Wikimedia Commons Amada44, Parent Géry et Rob Lavinsky).
 

Les bourgeons, « pierres précieuses » des plantes

Le fait que le mot « gemme » ait un double sens n’est pas un hasard. En latin, le mot gemma, qui signifiait à l’origine « bourgeon » (de plante), a été ensuite été utilisé, par extension, pour les « pierres précieuses », sans doute en raison de l’analogie de forme et parfois de couleur entre ces pierres et certains bourgeons. Le mot a plus tard également désigné le « sel gemme » (par opposition au sel marin), un sel (chlorure de sodium, sel alimentaire) extrait sous forme minérale de la terre, appelé halite par les géologues : son aspect brillant et transparent fait en effet penser à du diamant, pierre précieuse par excellence, la rareté et la dureté bien sûr en moins. Dans l’Ouest et le Sud-Ouest de la France, le mot gemme était également utilisé pour désigner la résine suintante des arbres, là aussi en raison de l’analogie entre l’aspect transparent et brillant des gouttes de résine, faisant penser à des perles ou à des pierres précieuses.

 

Une très respectable « histoire belge »

La gemmothérapie se base sur les recherches, faites au tournant des années 1950-1960, du médecin belge Pol Henry (1918-1988), né à Profondeville dans la province de Namur, qui fit ses études à Bruxelles, Gand et enfin Louvain. Attiré par la médecine homéopathique et par la phytothérapie, il s’inspira des méthodes thérapeutiques utilisant des embryons animaux connues depuis le début du 20e siècle, mais en les transposant à l’univers du végétal, baptisant du nom de « phytembryothérapie » sa propre méthode.

Anticipant de plusieurs années les travaux actuels sur les cellules-souches, ces cellules animales ou végétales encore indifférenciées (c’est-à-dire non encore suffisamment évoluées pour devenir un organe particulier) qui sont au départ du développement des organismes vivants, Pol Henry s’intéressa aux tissus embryonnaires contenus dans certaines parties de plantes (bourgeons, mais aussi jeunes pousses et radicelles). Ceux-ci contiennent en effet une concentration particulièrement élevée d’hormones, oligo-éléments, vitamines, minéraux, enzymes, acides aminés et autres nutriments que la plante va ensuite utiliser pour se développer.

Le Dr Henry posa l’hypothèse que ces tissus embryonnaires sont capables d’aider notre propre organisme à préserver sa santé. Ce faisant, il venait confirmer de façon scientifique l’usage fait, depuis des siècles, des bourgeons de plantes dans les très anciennes pharmacopées traditionnelles, comme les gemmes de peupliers servant à la réalisation d’un unguentum populeum, onguent de peuplier, utilisé notamment en cas d’hémorroïdes. Dans ses textes écrits au 12e siècle, la célèbre Hildegarde de Bingen mentionne également des préparations à base de bourgeons, comme le pommier, le tilleul, le cassis, le frêne, etc.

 

Synergie et potentialisation

Un des avantages de ces extraits de bourgeons est aussi qu’il s’agit d’extraits intégraux (« totum » de la plante ou de la partie de plante) et non d’extraits de principes actifs isolés. Or on sait bien, depuis longtemps, que le totum, qui contient toutes les molécules de la plante, présente un spectre d’action plus large et souvent plus efficace que des extraits isolés, même mélangés ensemble. Avec un totum, il y a synergie des actions voire potentialisation, c’est-à-dire que la somme de l’activité des molécules est supérieure à l’activité des molécules prises séparément. En gemmothérapie, la particularité des extraits est de plus qu’ils réuniraient en une fois l’ensemble des propriétés des différentes parties de plantes utilisées en phytothérapie conventionnelle. Par exemple, l’extrait de bourgeon de tilleul aurait à la fois des vertus calmantes (comme les fleurs de tilleul) et dépuratives / diurétiques (comme l’aubier de tilleul).

Les extraits gemmothérapiques proposés sont soit des extraits unitaires (préparations à partir d’une seule plante) soit des complexes de plusieurs plantes. Certaines marques y ajoutent parfois des teintures mères ou encore des oligo-éléments. Le produit est uniquement utilisé par voie interne, sous forme de gouttes, à prendre pures ou dans un verre d’eau, en une ou plusieurs prises quotidiennes.


Les extraits de bourgeons sont utilisés sous forme de gouttes (Photo Pixabay Fran_TheFeelGoodBlog).
  La règle, pour une bonne efficacité, est que ces extraits doivent être exclusivement préparés à partir de bourgeons fraîchement récoltés, en respectant le cycle de vie de la plante (bon moment dans la saison, au printemps, juste avant leur éclosion) pour que ces bourgeons contiennent le maximum de principes actifs. Pour préserver cette concentration optimale en principes actifs, les bourgeons ne doivent pas être congelés ni broyés (ce qui altérerait les cellules végétales et leur contenu), sachant par ailleurs que la méthode de préparation des extraits exclut également tout chauffage.

 

Deux types de préparation

La méthode de préparation initiale préconisée par Pol Henry consiste à faire macérer, pendant 3 semaines les bourgeons - ou les autres parties de plantes utilisables comme les jeunes pousses ou les radicelles - dans un mélange de solvant d’extraction à parts égales d’alcool, de glycérine végétale et d’eau de source. Une fois la macération terminée, le liquide est filtré et mis en flacon (flacons sombres pour préserver le macérat de l’action de la lumière). Il peut se conserver jusqu’à 3 ans. L’avantage d’avoir trois solvants différents est que ceux-ci peuvent entraîner des molécules de types différents, d’où une présence plus grande d’actifs variés : l’alcool extrait les molécules du type alcaloïdes ou glycosides ; l’eau, les tanins, les sels minéraux, les flavonoïdes et vitamines hydrosolubles ; et la glycérine les huiles essentielles, les phénols, les flavonoïdes et vitamines liposolubles, etc. Les doses varient dans ce cas de 5 à 15 gouttes par jour. Mais certains reprochent à cette méthode, dite des « macérats mères » ou « macérats concentrés », un risque de « surdosage », et donc la nécessité de respecter à la lettre la prescription du thérapeute.


La préparation des extraits commence par une macération dans un mélange glycérine/alcool/eau ou glycérine/alcool (Photo Pixabay jarmoluk).
  Une autre méthode, dite des « macérats glycérinés première dilution », « macérats glycérinés dilués » ou « macérats glycérinés 1 DH », consiste à faire macérer les bourgeons dans un mélange de solvants sans eau, uniquement avec de l’alcool et de la glycérine, à parts égales. Le macérat obtenu est ensuite dilué, comme le serait une préparation homéopathique, au dixième (1 partie de macérat pour 9 parties de solvant alcool/glycérine/eau). Sa posologie est du coup plus élevée, pouvant dépasser les 100 gouttes par jour. Pour le médecin français Max Tétau (1927-2012), à l’origine de cette méthode (et à qui on doit le terme de gemmothérapie), la forme diluée serait plus constante. Elle évite surtout les risques de surdosage, une erreur d’une ou deux gouttes portant moins à conséquence. Les macérats glycérinés 1 DH sont des médicaments homéopathiques et ne se trouvent donc qu’en pharmacie, mais en vente libre.

Les partisans de la méthode initiale de Pol Henry reprochent entre autres à cette seconde méthode des macérats dilués, sa teneur finale plus élevée en alcool (ce qui implique des précautions chez les femmes enceintes ou allaitantes et les enfants), sa posologie moins pratique car donc plus élevée (qui augmente d’autant plus la quantité d’alcool consommée), ainsi que le fait que la macération sans eau ne permet pas d’extraire l’ensemble des principes actifs.

Chacun doit faire son propre choix entre macérats mères et macérats dilués. Si la gemmothérapie n’a pas fait l’objet de recherches cliniques approfondies, son intérêt réel ne fait cependant pas de doute auprès des partisans des « médecines douces ». Dans tous les cas, il est recommandé de prendre l’avis d’un naturopathe ou d’un homéopathe.


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