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Gélules, capsules molles, comprimés, ampoules, hydrolats, teintures végétales, poudre, granulés… Les formes de présentation des compléments alimentaires sont très nombreuses, calquées sur ce qui se fait dans le monde pharmaceutique. Chacune répond à des spécificités et à des besoins particuliers mais avec également, ce qui est parfois oublié, des conséquences sur leur action.

 

Qu’est-ce qu’un complément alimentaire ?

Selon la définition du décret n°2006-352 du 20 mars 2006 relatif aux compléments alimentaires, les compléments alimentaires sont des « denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d'autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés, commercialisés sous forme de doses, à savoir les formes de présentation telles que les gélules, les pastilles, les comprimés, les pilules et autres formes similaires, ainsi que les sachets de poudre, les ampoules de liquide, les flacons munis d'un compte-gouttes et les autres formes analogues de préparations liquides ou en poudre destinées à être prises en unités mesurées de faible quantité ».

Ces formes de présentation sont donc identiques à une partie de celles que l’on trouve employées dans l’industrie pharmaceutique, appelées également « formes galéniques ». Cette expression, dérivée du nom de Claude Gallien (Claudius Galenus), un célèbre médecin grec de l’Antiquité, s’appliquait originellement aux préparations à base de plantes (par opposition aux remèdes chimiques), mais a fini par prendre un sens plus large.

Certaines formes galéniques sont réservées aux médicaments, car leur mode d’utilisation ou d’action n’a rien à voir avec des denrées alimentaires, les produits n’étant pas absorbés par voie buccale (orale) comme tout aliment qui se respecte : suppositoires, injections intraveineuses ou intramusculaires, collyres (gouttes oculaires), ovules (voie vaginale), patchs transdermiques, inhalateurs, etc.

 

Un choix technique par le fabricant

Le choix de la forme de présentation dépend de nombreux facteurs qui, s’ils sont moins nombreux que pour les médicaments et les principes actifs pharmaceutiques, sont néanmoins très variés.

La nature des principes actifs est un des points essentiels, en particulier leur solubilité ou non (dans l’eau, dans les lipides voire dans l’alcool), la dose « utile » (de quelques microgrammes à plusieurs grammes), leur sensibilité à la lumière ou à l’oxydation, leur capacité à être compressés (pour faire des comprimés), leur goût, leur odeur, la personne qui va consommer le complément (adulte ou enfant), la possibilité de prendre une seule dose quotidienne ou le souhait de répartir la dose au fil de la journée, etc.

L’avantage de la forme orale, la seule qui est donc autorisée pour les compléments alimentaires, est qu’elle est globalement facile à prendre et que sa production industrielle est dans l’ensemble assez facile (ce qui n’exclut cependant pas un savoir-faire certain et de hauts critères de qualité).  

 

Les formes liquides

Les formes liquides se présentent en multidoses (flacons) ou en monodoses (ampoules en verre ou en plastique). Les préparations sont obtenues par dissolution/extraction directe (ex. distillation de plantes pour obtenir des hydrolats, voire huiles essentielles) ou par dilution a posteriori dans de l’eau, de l’alcool, de l’huile, etc.). Certaines sont des solutions (les principes actifs sont dissous dans le liquide), d’autres des émulsions (mélange huile + eau) et quelques-unes des suspensions (poudre non solubles dans le liquide).

Les avantages des formes liquides sont nombreux : homogénéité de la préparation (sauf les suspensions, qu’il faut agiter avant emploi), excellente biodisponibilité (les principes actifs passent rapidement dans le corps et sont donc rapidement efficaces), pas de problème de déglutition (à l’inverse d’un comprimé ou d’une gélule), limitation des excipients (c’est-à-dire des ingrédients, a priori neutres, qui servent de support pour diluer, fixer ou stabiliser les actifs), précision du dosage bonne (pour les présentations multidoses, à prendre par exemple à la cuiller) voire très bonne (formes multidoses avec compte-gouttes ou monodoses type ampoules). Leur facilité de prise fait qu’elles conviennent en général très bien aux enfants ou aux personnes âgées. Leur coût de fabrication est relativement peu élevé et leur préparation ne nécessite pas en général un haut niveau de technicité. Les ampoules et certains flacons peuvent être pasteurisés, ce qui permet de se passer de conservateurs.

  Leurs inconvénients sont que le conditionnement peut être encombrant (flacons) ou fragile (ampoules en verre). Pour les produits en flacon, la conservation est souvent limitée dès lors que ledit flacon a été ouvert. S’y ajoute également le problème du goût, qu’il faut parfois masquer… ce qui est quelquefois impossible. Et avant de pouvoir être absorbés dans les intestins pour passer dans le sang et donc dans l’organisme, certains principes actifs peuvent être détériorés par les sucs gastriques de l’estomac.

 

Les formes sèches et les formes solides

Un des grands avantages des formes sèches et/ou solides est qu’en général les principes actifs se conservent mieux que dans les formes liquides, étant normalement à l’abri de la lumière et sans contact important avec l’oxygène de l’air. Mais le souci est que les actifs ne peuvent être parfois être utilisés qu’en petites quantités, inférieures aux doses utiles. Et leur biodisponibilité est moindre qu’avec les liquides, en particulier pour ce qui concerne les comprimés ou les gélules.

Parmi les formes sèches, la plus simple est la poudre, à prendre directement (à la cuiller) ou à diluer dans de l’eau, ou même à infuser. En prise directe, plus la poudre sera fine, plus vite elle sera absorbée. Mais les poudres sont sensibles à l’oxydation, à la lumière et à l’humidité, pouvant de plus être facilement contaminées par des germes. Pour les poudres présentées en vrac (« multi-doses », dans un pot par exemple), leur dosage est relativement peu précis (cuiller plus ou moins rase et plus ou moins tassée). Elles sont parfois effervescentes, ce qui en augmente la vitesse d’absorption. Mais l’effet effervescent peut être dû à l’emploi de bicarbonate de sodium, sodium dont la présence peut être déconseillée à certaines personnes.

La présentation en sachets unidoses permet d’améliorer la précision du dosage, mais une certaine quantité de produit peut rester collée dans le sachet. L’avantage de ces sachets est qu’ils se conservent mieux que les poudres en vrac (mais leur coût est plus élevé) et qu’ils se prêtent bien à un usage nomade.

Les granulés sont des poudres agglomérées à des particules neutres pour faire des grains plus épais, qui peuvent être avalés tels quels, croqués ou dissous dans l’eau, les particules utilisées comme excipients permettant ainsi d’en améliorer le goût et/ou la vitesse d’absorption.

Les gélules alias capsules dures sont une autre forme de présentation unidose des poudres. L’avantage est qu’elles se fabriquent facilement et que leur coût est donc modéré, avec une bonne précision du dosage. Leur biodisponibilité est cependant moindre qu’une poudre libre (ou surtout qu’un liquide) car leur enveloppe doit d’abord être détruite dans le tube digestif. Si elles évitent les problèmes de goût (pas de contact avec le contenu dans la bouche), elles ne masquent cependant pas totalement les odeurs. Faciles à transporter, elles sont cependant sensibles à l’humidité et peuvent poser des problèmes de déglutition chez certains.

Les comprimés sont obtenus par compression des poudres. Ils sont solides, se conservent assez facilement (produit sec évitant le développement de germes) et offrent également un dosage précis et un usage nomade des plus aisés. Leur coût de fabrication est faible même si leur mise au point est parfois délicate, selon les principes actifs. Mais si certains principes actifs liquides peuvent être adsorbés sur des poudres neutres, les comprimés ne permettent pas d’utiliser des principes actifs liquides dont les doses utiles sont élevées. Et les excipients nécessaires à une compression de qualité prennent parfois de la place au détriment des actifs.

Si leur biodisponibilité ne figure pas parmi les meilleures (le comprimé doit être délité dans le tube digestif avant de libérer ses actifs), on peut également en faire des formes effervescentes qui donnent une forme liquide à boire, facilement et rapidement absorbée. Mais dans leur cas la fabrication est plus difficile et la conservation moins bonne (sensibilité à l’humidité). Il est possible par ailleurs de recouvrir les comprimés d’un composant neutre, en couche fine (pelliculage) ou épaisse (enrobage), ce qui non seulement peut en faciliter la déglutition, mais permet aussi d’effacer le goût et/ou de minimiser l’odeur de certains actifs, de protéger les comprimés contre l’humidité, etc.

Enfin, les capsules molles sont une forme solide particulièrement intéressante. Certes leur coût est plus élevé (technologie complexe pour laquelle le fabricant doit recourir à un prestataire spécialisé), elles sont sensibles à la chaleur et à l’humidité, et à l’instar des comprimés ne peuvent intégrer des principes actifs dont les doses d’emploi seraient très élevées. Mais leurs avantages sont nombreux : dosage précis, produit nomade, couverture des goûts désagréables et en général des odeurs, protection des principes actifs contre l’air et la lumière… Elles offrent surtout la possibilité d’utiliser certains principes actifs liquides (huiles et donc actifs liposolubles), en plus de « l’encapsulation » de principes actifs sous forme de poudre mises en suspension dans des pâtes. Cette forme de présentation à mi-chemin entre l’unidose liquide (ou pâteux) et la forme solide confère à la capsule, qui est rapidement ouverte dans le système digestif, une très bonne biodisponibilité.  

 


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