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Toutes les études le montrent : dans leur immense majorité, les Français effectuent un brossage régulier de leurs dents, bien qu’ils ne le font pas aussi fréquemment que nécessaire (normalement, c’est après chaque repas). Rien d’étonnant donc à ce que même dans les magasins bio, les produits les plus fréquemment achetés dans le rayon cosmétique sont les dentifrices. Ce qui ne signifie pas pour autant que tous les clients de ces magasins achètent des dentifrices bio. Pourtant, les raisons de le faire ne manquent pas.

Un lien direct entre santé bucco-dentaire et santé globale

Les enquêtes régulières de l’UFSBD (Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire) montrent que les Français ne font pas de lien entre santé bucco-dentaire et santé globale, alors que les deux sont pourtant directement liées. Une mauvaise haleine peut être par exemple le signe d’un début de parodontose et une gingivite peut avoir des conséquences graves… Ces affections peuvent en effet devenir vite dangereuses, surtout chez les personnes atteintes de diabète ou de maladies cardiovasculaires, ou même chez les femmes enceintes.

Se brosser les dents est donc non seulement une nécessité pour ne pas indisposer nos interlocuteurs et autres proches à qui nous parlons, mais aussi tout simplement une mesure élémentaire de santé. Sans oublier qu’il vaut mieux « perdre » quelques minutes chaque jour pour son hygiène dentaire plutôt que de souffrir plus tard chez le dentiste pour une dent cariée ou un détartrage, qui n’est jamais très agréable et peut même être douloureux.

Donc, brossons-nous les dents avec enthousiasme et bonne conscience. Bonne conscience ? À voir. Car à l’instar des autres produits cosmétiques, les dentifrices contiennent bien des substances que l’on peut qualifier de douteuses. N’oublions pas en effet que les dentifrices (et les bains de bouche) sont, sur le plan de la classification et donc de la réglementation applicable, des cosmétiques. Avec les produits d’hygiène intime, ce sont les seuls cosmétiques qui ne s’appliquent pas par voie externe, c’est-à-dire sur la peau ou les phanères (ongles, cheveux et autres poils, comme la barbe).

Pendant des siècles (des millénaires…) on s’est nettoyé les dents avec des plantes ou des mélanges de plantes et de poudres variées (sel, cendres, argile, minéraux…). Comme pour beaucoup d’autres cosmétiques, l’industrialisation du dentifrice eut lieu à la fin du 19e siècle, amenant l’utilisation de plus en plus fréquente de produits chimiques et de moins en moins de produits naturels.

C’est notamment avec la composition des dentifrices pour enfants qu’il faut être encore plus vigilant (image Freepik).

Des antibactériens agressifs dans les dentifrices conventionnels

De façon générale, les formulations des dentifrices actuels contiennent des ingrédients que l’on trouve aussi en cosmétique conventionnelle, dont la nocivité potentielle est de mieux en mieux connue, surtout à moyen ou long terme et par « effet cocktail » en raison de l’utilisation d’autres produits en contenant également.

Parmi ces ingrédients douteux on trouve des agents antibactériens (antiseptiques), comme le triclosan, à la présence logique dans des produits d’hygiène buccale qui doivent empêcher le développement de germes au niveau des dents. Le problème avec le triclosan est qu’il est souvent pollué par de la dioxine (entre autres classée cancérogène pour l’homme) et qu’il est aussi, entre autres, un perturbateur endocrinien avéré. On le soupçonne de plus d’augmenter la résistance des bactéries aux antibiotiques. Autre antiseptique employé dans les dentifrices conventionnels, la chlorhexidine (dérivée du chlore comme son nom l’indique) qui est susceptible de provoquer des irritations des muqueuses.

La liste des ingrédients controversés présents dans les dentifrices est de fait très longue : SLS (sodium lauryl sulfate), un tensioactif particulièrement irritant ; des colorants comme la tartrazine CI 19140, le rouge CI 73360 et le vert CI 74260, potentiellement cancérigènes ; des PEG, molécules entre autres écotoxiques ; du tétrapotassium- ou du disodium-pyrophosphate (actifs anti-tartre et abrasifs) pouvant provoquer des allergies chez certaines personnes, etc. Sans oublier la présence de conservateurs du type parabens ou de microplastiques, utilisés comme agents abrasifs… Des microplastiques dont on connaît de mieux en mieux l’impact négatif sur la nature.

Les bains de bouche sont l’autre produit d’hygiène bucco-dentaire largement employé (par 1 Français sur 2 selon l’UFSBD) : une bonne attitude, car le bain de bouche participe à l’élimination des bactéries, sources de bien des problèmes, comme la mauvaise haleine, la gingivite, la parodontose… Rappelons néanmoins que le bain de bouche ne remplace pas le brossage biquotidien, car il ne peut pas « décrasser » les dents.

Le problème est que les bains de bouche conventionnels ne font pas mieux que les dentifrices en matière de formulation : ils contiennent eux aussi très souvent du triclosan et de la chlorhexidine. On y trouve également SLS, des PEG, des conservateurs (parabens, phénoxyéthanol), des polysorbates (qui auraient un impact négatif sur la flore intestinale), des polymères synthétiques du type copolymer, des colorants synthétiques, etc.

Les dentifrices conventionnels contiennent des microplastiques et des nanoparticules qui ne font pas forcément bon ménage avec la santé et l’environnement (image AlbanyColley via Pixabay).

Des nanoparticules dans les dentifrices

Autre point inquiétant : il semble que nombre de dentifrices contiennent également des nanoparticules. Fin mars 2019, l’association Agir pour l’Environnement a en effet publié les résultats d’une enquête révélant que 2/3 des 408 dentifrices qu’elle avait étudiés – vendus en grandes surfaces, pharmacies, parapharmacies et magasins bio - contenaient du dioxyde de titane (TiO2), utilisé comme colorant (opacifiant). Même constat parmi les 59 dentifrices pour enfants faisant partie de ce panel, même si seulement la moitié en contenait (29 références). Parmi les 271 dentifrices contenant du TiO2, 22 étaient certifiés bio...

 Ces dentifrices contenant du TiO2 ont ainsi été mis sur une « liste noire », comme l’appelle Agir pour l’Environnement. Pourquoi ? Parce que l’association regrette qu’aucun dentifrice « ne précise sur son emballage si le dioxyde de titane présent est à l’état nanoparticulaire (le règlement européen sur les cosmétiques exige que l’étiquetage porte la mention "nano" si les particules de TiO2 font moins de 100 nm) ». Mais en fait, seul un dentifrice (pour enfants, parmi les plus vendus du marché, appartenant à une marque conventionnelle) a fait l’objet d’une analyse par l’association. Avec pour résultat que 47 % du TiO2 était présent sous forme de nanoparticules, alors que la mention "nano" ne figure pas sur l’emballage, en infraction à la réglementation ». Un pourcentage élevé qui « exclut une présence accidentelle ».

Si la dangerosité de ces nanoparticules est tout à fait relative lorsque des produits en contenant sont appliqués sur la peau (la plupart des études ayant montré que les nanoparticules ne passent pas une barrière cutanée en bon état), cela est différent avec les dentifrices, un risque d’ingestion n’étant pas à exclure, surtout avec les enfants. Rappelons qu’en cosmétique bio, les nanoparticules sont uniquement tolérées dans les produits solaires (dans lesquels elles participent à l’efficacité du produit).

Soulignons néanmoins que la première source d’exposition aux nanoparticules est atmosphérique (ingestion par inhalation), suivie par certains aliments, sans oublier les 4000 médicaments avec un enrobage de TiO2. Les dentifrices, comme les cosmétiques en général, ne doivent probablement pas être la première urgence en matière d’interdiction du TiO2 (prévue à court terme en alimentaire). Mais nous reconnaitrons que dans le cas des dentifrices pour enfants, un principe de précaution absolu doit s’imposer.

Choisissez la sécurité avec les produits d’hygiène bucco-dentaire bio

Les composants douteux présents dans les dentifrices (et bains de bouche) conventionnels sont bien entendu absents de leurs équivalents certifiés bio. Ceux-ci sont évidemment tout aussi efficaces et leur composition bien plus sûre, étant sans conservateurs, parfums ou colorants de synthèse, utilisant des plantes ou huiles essentielles aux vertus antibactériennes (anis, thé vert, tea tree, clou de girofle… et aussi propolis), idem pour rafraîchir (menthe, myrrhe, agrumes), pour calmer les gencives (calendula, verveine, sauge...), contre le tartre (anis)... Pour l’effet abrasif sans agresser l’émail, les fabricants bio utilisent de la silice en poudre, du sel marin, de l’argile, du carbonate de calcium, à savoir les actifs utilisés depuis l’Antiquité ! Texture (pas d’agent moussant souvent) et goût sont certes différents, mais cela est juste une question d’habitude.

Autant de raisons pour se tourner aussi vers les formules certifiées bio, qui savent se passer de tels composants, pour une efficacité tout à fait comparable, il faut insister sur ce point.

Autre solution proposée par les marques bio : les dentifrices sans eau, soit en poudre (en général à base de carbonate de calcium, de silice, de poudres de plantes…) soit solides. Dans ce dernier cas le carbonate de calcium nettoyant est sur une base de graisses végétales, par exemple du beurre de cacao ou de l’huile de coco, éventuellement additionnés d’autres acides gras.

 

Le rayon bio offre de plus en plus de dentifrices en poudre, certains à base de charbon actif (photo collaborateur Annuaire Vert).

L’huile de coco, qui serait parée de nombreuses vertus pour l’hygiène bucco-dentaire, est d’ailleurs de plus en plus utilisée comme actif par les fabricants de dentifrices, tendance issue des adeptes du « fait maison ».

Depuis quelques temps, on voit également de plus en plus de dentifrices à base de charbon actif, à l’action réputée blanchissante et lui aussi « hérité » des recettes de dentifrice « maison ». On le trouve dans des poudres blanchissantes, des poudres dentifrices, des pâtes dentifrices et même absorbé sur des cure-dents (!?) et brosses avec poils imprégnés de charbon actif… Son emploi excessif ne serait cependant pas sans risque pour l’émail ou la langue (taches noires).
À utiliser donc avec prudence.

 


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