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(image Pixabay PublicDomainPictures)

 Des définitions importantes

Avant de se… jeter à l’eau dans ce sujet, il est primordial de rappeler quelques définitions, les appellations des eaux embouteillées étant strictement réglementées en Europe. Il est important de les connaître, car toutes les eaux de table commercialisées en bouteille ne sont pas des eaux minérales !

En France (Code de la Santé Publique), il existe ainsi 3 catégories d’eaux embouteillées : les eaux rendues potables par traitement, les eaux de source et les eaux minérales naturelles.

Les « eaux rendues potables par traitement », parfois appelées improprement « eaux de table » sont en quelque sorte les moins nobles. Elles peuvent provenir des sources souterraines ou superficielles (rivières par exemple), pouvant être issues du réseau public de distribution. Elles ne bénéficient pas d’une réglementation particulière mais doivent respecter les critères de qualité applicables aux eaux du robinet (« eaux destinées à la consommation humaine des réseaux publics de distribution ») et peuvent subir tous les traitements autorisés pour l'eau du robinet, y compris la désinfection, n’étant pas forcément naturellement potables. Elles sont peu commercialisées en France.

Une « eau de source » est une eau d'origine souterraine, microbiologiquement saine et protégée contre les risques de pollution. A l’émergence (à sa source) et au cours de la commercialisation, elle respecte ou satisfait des limites ou références de qualité, portant sur des paramètres microbiologiques et physico-chimiques légalement définis. Des traitements précis peuvent être autorisés pour éliminer certains éléments instables ou les constituants indésirables. Une eau de source est exploitée par une ou plusieurs émergences naturelles ou forées (la source a été creusée par forage pour la trouver). Elle doit être introduite dès la source dans des récipients autorisés destinés à la livraison au consommateur. Il existe aussi des « eaux de source avec adjonction de gaz carbonique » dans le cas d’une eau de source rendue pétillante par ajout de gaz carbonique.

Une « eau minérale naturelle » est une quant à elle une eau microbiologiquement saine, provenant d'une nappe ou d'un gisement souterrain exploité à partir d'une ou plusieurs émergences naturelles ou forées constituant la source. Elle se distingue des deux autres types d’eau d’une part par une composition spécifique unique, caractérisée par sa teneur en minéraux, oligoéléments ou autres constituants, et d’autre part par sa « pureté originelle », c’est-à-dire que ses caractéristiques ont été conservées intactes en raison de l'origine souterraine de cette eau, tenue à l'abri de tout risque de pollution. Sa composition unique est due à la géologie du site où elle est captée, et elle est surtout stable, contrairement aux eaux de source.

 

Les eaux minérales naturelles sont les eaux les plus qualitatives, avec une composition à chaque fois unique et spécifique (image Pixabay Ana_M).

Certaines eaux minérales naturelles sont également gazeuses, avec deux cas possibles. Le premier est celui des eaux pétillantes naturelles, issues de nappes d’eau souterraines dans laquelle se trouve du gaz carbonique, résultant de l'activité volcanique. Parfois, on renforce la teneur en gaz en « regazéifiant » cette eau avec son propre gaz au moment de la mise en bouteille. Mais il y a aussi des eaux minérales gazéifiées : ce sont des eaux plates auxquelles on a rajouté du gaz carbonique au moment de l'embouteillage. L’étiquetage des bouteilles doit préciser si l’eau est naturellement gazeuse ou si elle a été gazéifiée.

Dans certains cas, une eau minérale naturelle peut se distinguer par des qualités thérapeutiques particulières, qui doivent avoir été reconnues par l'Académie de médecine.

Pour mémoire, mentionnons aussi les « eaux thermales », qui ne répondent pas à une définition précise. Cette dénomination est normalement réservée aux eaux chaudes dont la température dépasse 35 °C. Mais dans le langage courant, on utilise souvent ce terme pour les eaux utilisées dans les établissements de soins, quelle que soit leur température.

Des eaux minérales spécifiques au circuit bio

Dans le circuit des magasins de produits bio, en général, la règle est que tous les produits doivent être certifiés pour être vendus (alimentaire, cosmétique) ou au minimum d’origine naturelle (compléments alimentaires, de plus en plus nombreux étant cependant ceux effectivement certifiés bio). Mais l’eau fait exception, puisqu’elle ne peut pas être certifiée bio selon le cahier des charges européen pour l’agriculture biologique, comme rappelé plus haut.

Pourtant, on trouve quelques marques d’eau en bouteille, eaux de source et eaux minérales naturelles, plates ou pétillantes, qui ont fait le choix d’une vente exclusive dans le réseau bio. Ce choix, et cette présence, se justifient par des engagements précis qu’ont pris ces marques et/ou par la qualité particulière de leurs eaux.

Ces marques mettent en effet en avant une qualité remarquable de leurs eaux, notamment une très faible minéralisation, ce qui favorise l’élimination et leur permet d’être consommées sans souci par tous, y compris les femmes enceintes ou les personnes âgées et même les nourrissons. Elles sont en général non traitées, étant des eaux minérales naturelles ou des eaux de sources issues zones protégées, à l’abri de toute pollution.

Mais quid des bouteilles, aujourd’hui toutes en plastique ? Autrefois en France, à l’époque où la population était essentiellement rurale, tout le monde avait un accès direct à une eau pure de qualité. Mais la situation a cependant changé avec l’urbanisation croissante et l’industrialisation. Certes, l’eau courante est arrivée petit à petit dans les logements, mais cette eau a été longtemps de qualité douteuse. Elle est bien meilleure aujourd’hui, mais au prix de nombreux traitements et donc d’une qualité amoindrie, sans parler de la pollution. Une étude a montré que si ¾ des Français sont des buveurs « mixtes » (eau du robinet et en bouteille), 15 % d’entre eux ne boivent pas l’eau du robinet, estimant notamment qu’elle n’a pas bon goût.

Petit à petit, le marché de l’eau embouteillée s’est donc développé, le plastique, plus pratique et moins cher que le verre et ayant fini par devenir le matériau le plus utilisé. En 2016, les Français ont consommé 125 litres d’eau en bouteille par personne et par an, soit 8,3 milliards de litres pour l’ensemble de la population française.

Mais le plastique, il ne faut pas se voiler la face, c’est polluant et issu de sources non renouvelables. Pour faire face à cet écueil, les marques présentes dans le circuit bio ont pris un engagement, à savoir celui de n’utiliser que du plastique recyclable, du PET, d’ailleurs en général recyclé, quelques fois même à 100 %. Et selon les entreprises, d’autres actions sont mises en œuvre pour réduire l’impact écologique, comme la suppression des colorants dans les bouchons, la diminution de la consommation électrique, le transport fait au maximum par voie ferrée, etc.

Plus de bouteilles d’eau en magasin bio ?

Nombreux sont cependant les défenseurs de la nature à souligner les inconvénients de l’eau en bouteille. Elle reviendrait 100 à 200 fois plus chère que l’eau du robinet, son plastique participe à la pollution environnementale (si on ne fait pas l’effort de mettre les bouteilles au tri sélectif, bien sûr !), elle voyage parfois plusieurs centaines de km avant d’arriver en magasin - d’où un mauvais bilan carbone - et produit environ 10 kg de déchets par an et par personne.

Une importante enseigne de magasins bio a pris la décision de ne plus vendre d’eau en bouteille de plastique depuis le 1er janvier 2017, seules les eaux gazeuses en bouteille verre étant encore proposées, car il s’agit d’un « produit plaisir ».

Reste ainsi, a priori, la solution de l’eau du robinet. Mais celle-ci, bien que dite « potable » (c’est-à-dire respectant les normes officielles, parfois critiquables, comme pour les nitrates) contient néanmoins certains contaminants : résidus de la pollution de l’eau utilisée dans le réseau (nitrates donc, mais aussi traces éventuelles de pesticides, de médicaments…), résidus du traitement de l’eau (chlore), éventuels polluants provenant des canalisations (le plomb étant souvent montré du doigt, mais les canalisations en plomb se font de plus en plus rares en France !), etc.

Pour avoir une eau vraiment saine, il faut donc la traiter chez soi. Trois possibilités principales se présentent : la filtration sur robinet, les carafes filtrantes ou l’osmose inverse.

 

Les carafes filtrantes sont pratiques mais nécessitent une attention toute particulière (image Nerijp via Wikimedia Commons).

Les filtres sur robinet ou en carafe utilisent du charbon (parfois associé à une résine échangeuse d’ions). Ils doivent être changés au maximum tous les mois (robinet) ou tous les 6 mois (carafes). Outre le coût de leur renouvellement, ils présentent l’inconvénient de ne pas être très efficace si l’eau du réseau est très polluée, leur premier intérêt, immédiatement constaté, étant avant tout de désodoriser l’eau (chlore).

Mais les filtres ne retiennent pas, par exemple, les résidus médicamenteux. Pour un traitement parfait (entre 90 et 99,9 % des polluants), il faut choisir l’osmose inverse, dont le fonctionnement est basé sur la pression du réseau « poussant » l’eau à travers une membrane semi-perméable, ce qui permet d’éliminer aussi bien le chlore, que les nitrates, les métaux lourds, les bactéries, etc. Mais certains minéraux intéressants sont également éliminés, au point que les installations comprennent parfois une cartouche de reminéralisation.

Certaines études ont relevé des inconvénients à ces systèmes. Par exemple le fait que les cartouches, qui contiennent des sels d’argent comme agent antimicrobien, en relarguent dans l’eau filtrée. De plus, si l’entretien des filtres (et leur changement) n’est pas fait régulièrement, ceux-ci peuvent devenir rapidement de véritables « nids à microbes ».

Concernant l’osmose inverse, outre le fait de déminéraliser assez fortement l’eau, elle réduit le débit de l’eau du robinet, et surtout elle augmente la consommation d’eau : jusqu’à 4 ou 5 litres d’eau rejetés pour 1 litre d’eau consommée. Et là aussi, si les membranes des osmoseurs ne sont pas changées régulièrement, l’appareil peut aussi devenir une source de contamination microbiologique.

Et dans tous les cas, filtres, carafes ou osmoseurs, toujours si on ne les entretient pas régulièrement, au bout d’un moment les systèmes saturent et finissent par relarguer quand même les polluants dans l’eau bue.

Si le choix de traiter l’eau à domicile peut se révéler a priori économiquement intéressant (encore qu’un osmoseur coûte cher), il est donc absolument nécessaire d’être extrêmement rigoureux dans leur entretien et leur utilisation.

Nous ne sommes pas égaux face à l’eau du réseau

L’autre souci est le fait que la qualité de l’eau du réseau est très aléatoire selon les régions et les villes. Outre le fait que le niveau des polluants est très variable, c’est aussi sa composition qui est loin d’être constante. Très souvent, elle ne convient donc pas à tout le monde sur le plan nutritionnel, notamment les personnes qui ont besoin d’une qualité d’eau très précise : sportifs, personnes âgées, femmes enceintes et bien entendu enfants en bas âge ! Dans ce cas-là, il est clair que seule une eau minérale naturelle apporte des garanties incontestables, par sa composition toujours unique, identifiée et traçable.

 

Dans certains magasins bio, des distributeurs permettent d’acheter de « l’eau en vrac » et de remplir ses propres bouteilles en verre (image Pixabay mrganso).

C’est la même critique qu’on peut faire à l’égard de ces fontaines distributrices d’eau mises en place dans certains magasins bio (dont quelques-uns de l’enseigne évoquée plus haut, celle qui a supprimé de ses rayons l’eau en bouteilles de plastique), pour vendre de « l’eau en vrac ». Ces distributeurs associent la filtration sur charbon actif à l’osmose inverse. On peut supposer que dans ces magasins, les préconisations d’entretien et d’hygiène du fabricant sont respectées à la lettre. Mais les consommateurs savent-ils néanmoins que même une bouteille d’eau peut être contaminée à la longue, avec la présence de germes pathogènes ? Il leur appartient donc aussi d’être des plus vigilants sur l’hygiène des bouteilles qu’ils (ré)utilisent. Ceci étant le cas échéant respecté et acquis, il n’en reste pas moins que jamais cette eau du réseau ne pourra être équivalente, en terme de qualité nutritionnelle, à une eau minérale naturelle.

Pour les personnes évoquées plus haut présentant une situation de besoin particulier (notamment donc les femmes enceintes, les nourrissons et les personnes âgées), il faut donc convenir que seule une eau minérale naturelle précise est dans leur cas la réponse. A sélectionner donc, dans ce cas, parmi les marques d’eau en bouteille présentes dans le réseau bio qui ont pris le plus d’engagements écologiques possible. Pour les autres consommateurs, à chacun de choisir en fonction de ses propres critères.

 

Les femmes enceintes, enfants en bas âge, personnes âgées et sportifs ont impérativement besoin d’une eau minérale à la composition précise (Images Pixabay tasha, sathyatripodi, brenkee et MabelAmber).


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