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Si nous vivons incontestablement dans un environnement sanitaire bien plus favorable que celui de nos aïeux, grâce entre autres à une hygiène bien meilleure et aux avancées de la médecine prophylactique[1], il est également bien connu que, d’un autre côté, à trop « aseptiser » notre milieu de vie, nous sommes devenus plus sensibles à certaines agressions, même bénignes, que peut subir notre corps. Si une meilleure nutrition peut nous aider à remédier à cela, les bonnes vieilles recettes phytothérapiques ont également leur mot à dire.

Aider notre corps à s’adapter…

Le corps humain est une machine extraordinaire et complexe, capable normalement de se défendre contre bien des agressions. La fièvre, par exemple, est le signe que notre organisme est justement en train de réagir contre un agent pathogène, qu’il s’agisse d’une bactérie, d’un virus ou d’un allergène. C’est quand le mécanisme « s’emballe » et que la fièvre monte outre mesure que cela peut devenir dangereux…

C’est cette capacité de réagir à une agression, avec la fabrication d’anticorps (des molécules capables neutraliser les agents pathogènes de façon ciblée), qui est la base même de la vaccination, qui joue sur la « mémoire immunitaire » de notre organisme. Et même si elle est considérée avec perplexité par une bonne partie du corps médical, l’homéopathie elle aussi se base sur cette capacité que nous possédons de construire un système de défense naturel. Un système qui d’ailleurs peut « s’exporter » : rappelons aussi que l’allaitement maternel permet de transférer aux enfants allaités les anticorps de la mère, et ce pendant une durée d’immunisation contre certaines maladies pouvant aller jusqu’à 9 mois après l’arrêt de cet allaitement. Une véritable « vaccination naturelle » !

Aider l’organisme à mieux lutter contre les agressions par une stimulation extérieure se fait d’ailleurs de nombreuses façons. Comme on le sait de mieux en mieux, un microbiote (une flore intestinale) en bonne forme permet de renforcer les défenses immunitaires. Sachant que notre alimentation est susceptible de nous apporter des « bonnes bactéries » capables d’entretenir ce microbiote, notamment des ferments lactiques, c’est la raison pour laquelle il est conseillé de faire consommer aux jeunes enfants, dès le plus jeune âge, non seulement des yaourts mais aussi certains fromages : fromages fermentés non pasteurisés à pâte dure (gruyère, cantal, emmental...), persillés (bleus, fourme, roquefort…) mais aussi à pâte molle (munster, livarot, camembert, brie, Sainte Maure…) à condition de manger leurs croûte, car c’est elle qui contient les bactéries.

C’est cette subtile et complexe « machine » qu’est le système immunitaire que certaines plantes ont également la capacité de stimuler, par différents moyens.

En hiver mais pas seulement

Certes, c’est surtout à la saison froide – automne, hiver et printemps tardant à démarrer – que notre corps est le plus susceptible d’être fragilisé. Ces saisons sont en effet propices à un confinement des personnes (on sort moins) et donc à une augmentation de la contagion. Mais le froid est surtout responsable d’une série de réactions de notre corps, qui facilitent l’installation des virus : assèchement des muqueuses nasales (le mucus est normalement un « piège à agents pathogènes »), ralentissement du métabolisme des cellules et du travail des cils qui « nettoient » nos bronches.

Avec un système immunitaire affaibli apparaissent alors les rhumes, sinusites, bronchites voire gastroentérites. Mais tout au long de l’année, d’autres personnes peuvent voir leur système immunitaire affaibli, notamment celle qui sont fragilisées pour différentes raisons : allergiques (il y a des pollens même en été !), femmes enceintes, diabétiques, personnes âgées, malades et/ou sous traitement médicamenteux, ou simplement stressées et très fatiguées.

Il n’y a pas que les médicaments pour aider notre système immunitaire à rester efficace (image stevepb via Pixabay)

Dans tous ces cas, les plantes peuvent stimuler un système immunitaire affaibli et aider à surmonter ces moments difficiles, en prévention voire en complément d’une thérapie, en particulier les plantes dites « adaptogènes », un concept né dans les années 1940 et bien étudié dans les années 1960. Des plantes auxquelles on peut évidemment associer d’autres composés utiles, comme des probiotiques, de la propolis ou la vitamine C.

Notons cependant que pour un grand nombre de ces plantes, aucune étude clinique n’a parfois été faite pour valider leur action spécifique sur telle ou telle maladie. Des études ont parfois été faites sur des animaux, mais leur extrapolation à l’humain n’est pas toujours possible ni exempte d’incertitudes ou d’erreurs. Néanmoins, s’agissant de plantes employées depuis des dizaines ou même des centaines d’années, l’expérience a montré qu’elles sont réellement efficaces, quand elles sont employées correctement et dans la bonne qualité.

Attention aux sources d’information

Impossible de dresser en quelques paragraphes la liste des plantes intéressantes pour stimuler les défenses immunitaires. Il faudrait pour cela une véritable encyclopédie ! Ce n’est pas le but du présent article, dont l’objectif est simplement de rappeler les grandes lignes du pourquoi de l’intérêt des plantes dans ce domaine.

Pour en savoir plus en l’occurrence, notre conseil n’est pas d’aller à la « pêche » aux informations sur le web, où le meilleur côtoie en général le pire et où il est en général difficile de savoir quelles sont les compétences réelles des personnes rédigeant les articles. D’ailleurs, quand sur un site de « phytothérapie » on lit que telle plante « tue les cellules cancéreuses », sans qu’on sache dans quelles conditions et sur quels types de cancer (ni quelle étude précise l’a démontrée de façon statistiquement significative), la seule attitude à avoir est de cliquer sur la croix en haut à droite pour fermer la page !

Si on veut s’informer sérieusement sur les possibilités d’aide que peuvent apporter les plantes, en particulier donc dans le présent domaine des défenses immunologiques, la meilleure des solutions consiste à se tourner vers un ouvrage imprimé, écrit par une personne dont les compétences et la biographie sont aisément vérifiables. Il y a suffisamment de livres de phytothérapie écrits par des médecins, pharmaciens, diététiciens, naturopathes et autres herboristes ou botanistes sérieux pour ne pas avoir besoin de se tourner vers une documentation où la légèreté (l’imprécision) se mêle parfois à l’à-peu-près et à l’exagération, quand ce ne sont pas des allégations déplacées pour ne pas dire mensongères. Attention aussi aux salons de médecines douces et alternatives, où certains vendeurs proposant des produits peu ou pas étiquetés, donc non traçables, argumentent avant tout dans le sens de ce que les acheteurs, en recherche de bien-être et parfois en réelle détresse, ont besoin d’entendre.

Le thym, une plante aromatique et médicinale utilisée depuis des millénaires (image Forest and Kim Starr via Wikimedia Commons).

Beaucoup de plantes originaires d’Europe

Dans cette vaste « pharmacie naturelle » qui s’offre à nous pour aider notre système immunitaire à mieux se défendre, il n’est pas inintéressant de relever que beaucoup de plantes font partie des « remèdes traditionnels » qui existent depuis bien longtemps sous nos latitudes.

Ainsi, le sureau (Sambucus nigra), originaire d’Europe centrale, dont les baies sont riches en polyphénols, aurait des propriétés immunostimulantes, mais aussi antivirales et donc antigrippales. Idéal non seulement en cas de grippe, mais aussi simplement en cas de rhume. L’avantage est qu’il a naturellement bon goût.

Autre baie, elle originaire d’Europe du nord, le cassis (Ribes nigrum), dont les feuilles et les fruits contiennent des flavonoïdes. Anti-inflammatoire et antioxydant, il s’inscrit bien dans une démarche de stimulation immunitaire.

Conifère originaire d'Europe orientale, le cyprès (Cupressus sempervirens) est réputé être un puissant antiviral, grâce aux proanthocyanidines qu’il contient. Idéal dans les états grippaux ou en cas d’herpès.

Le thym (Thymus vulgaris), plante aromatique et médicinale typiquement méditerranéenne, contient de très nombreux principes actifs : linalol, thymol, tujanol, géraniol, etc. Celles-ci lui confèrent ses propriétés antimicrobiennes, antifongiques, antivirales et bien sûr immunostimulantes. Il est excellent pour les voies respiratoires.

Même si ce n’est pas une plante, n’oublions pas la propolis, déjà évoquée plus haut, qui en plus de ses propriétés antimicrobiennes bien connues possèderait aussi une action bénéfique sur le système immunitaire.

Les bienfaits d’autres plantes du monde entier

Les échanges entre cultures depuis des siècles nous ont fait découvrir bien d’autres plantes aujourd’hui employées en phytothérapie, entre autres dans le domaine des défenses immunitaires (sachant, rappelons-le, que la plupart des plantes présentent des actions dans plusieurs domaines à la fois).

Depuis bien longtemps, l’Asie nous a ainsi fait bénéficier de ses connaissances. Parmi les plantes les plus connues figurent le ginseng (Panax ginseng) qui est typiquement une plante adaptogène, anti-fatigue et tonifiante. C’est la plante tonifiante par excellence, réputée également depuis longtemps comme capable de stimuler les défenses immunitaires. Son cousin sibérien l’éleuthérocoque (Eleutherococcus senticosus) est également une plante adaptogène, qui possède entre autres les mêmes propriétés anti-fatigue et immunostimulantes.

Comme le ginseng, l’éleuthérocoque fait partie des plantes « adaptogènes » (image Stanislav Doronenko via Wikimedia Commons).

Moins connue du grand public, l’astragale de Chine (Astragalus membranaceus), largement utilisée dans la médecine traditionnelle chinoise, possèderait des propriétés antivirales, antimicrobiennes en plus d’être immunostimulante. Parfaite en hiver, entre autres parce qu’elle aiderait à prévenir les infections respiratoires.

La médecine traditionnelle asiatique utilise par ailleurs beaucoup de champignons comme stimulant des défenses immunitaires et tonifiant, comme le shiitaké, le maïtaké et le reishi. Néanmoins, en 2012, les autorités de santé européennes (EFSA, European Food Safety Authority et la Commission européenne) ont estimé, après examen des données scientifiques, que les compléments alimentaires contenant du shiitaké et du maïtaké ne peuvent pas prétendre contribuer à « maintenir les défenses immunitaires naturelles ». Seul le reishi (Ganoderma lucidum) peut faire état de telles propriétés, dues notamment à sa teneur en polysaccharides (bêta-glucanes). La présence de triterpènes permet également de l’apparenter aux plantes adaptogènes.

Du côté des Amériques, on relèvera l’acérola ou « cerise des Antilles » (Malpighia glabra ou Malpighia punicifolia), réputée pour sa très haute teneur en vitamine C. C’est donc non seulement un excellent anti-radicalaire, mais aussi un antiseptique et un anti-infectieux, participant également à lutter contre la fatigue.

Le guarana (Paullinia cupana), originaire d’Amazonie, est également à mentionner ici, car c’est aussi un très bon tonifiant, la guaranine qu’il contient étant apparentée à la caféine. Etant anti-stress et anti-fatigue, il participe ainsi à la stimulation des défenses immunitaires.

Enfin, ce rapide état des lieux ne serait pas complet sans l’évocation d’une plante hautement immunostimulante et anti-infectieuse, l’échinacée (Echinacea purpurea), originaire d’Amérique du Nord. Parmi ses actifs, qui tous agissent dans le même sens d’une résistance aux infections, mais de façons différentes, figurent des alkylamides, des polysaccharides et des composés phénoliques.

L’échinacée est une plante incontournable lorsqu’on parle de défenses immunitaires (image stanbalik via Pixabay).

Une longue série de précautions à prendre !

Il va de soi que consommer des plantes médicinales ne doit pas se faire sans un minimum de précautions.

La première est de n’utiliser que des produits certifiés bio ! Ensuite, il faut être certain que les produits soient correctement dosés en actifs. Sur ce point, vu les doses validées par l’usage traditionnel, et à moins d’être prêt à avaler un très grand nombre de gélules (ou de comprimés) par jour et même par prise, il faut privilégier des formes de présentation qui garantissent a priori un dosage suffisant : ampoules, extraits fluides, teintures-mères, extraits de plantes fraîches, suspensions intégrales de plantes fraîches (SIPF), formes sèches pour décoction ou infusion, etc. Pour la quantité à consommer quotidiennement et la vérification que c’est la bonne partie de plantes qui a été utilisée pour obtenir le produit, mieux vaut s’adresser à un professionnel : pharmacien (réellement) formé en phytothérapie (attention aux préparateurs pas forcément compétent mais qui se sentent « dopés » par leur blouse blanche), herboristes, naturopathes expérimentés et ayant également suivi un cursus vérifiable, etc.

Ces mêmes professionnels pourront également confirmer qu’il n’y a pas d’éventuelle contre-indication à prendre telle ou telle plante, en particulier quand on fait partie d’un éventuel groupe « à risque » (femme enceinte ou allaitante, maladie auto-immune, traitement médical, etc.).

Certaines marques, les plus sérieuses et les plus expérimentées, proposent de vrais services de conseil, par téléphone ou par mail, avec des personnes formées à cet effet. Une raison de plus pour choisir des marques non seulement certifiées bio, mais ayant aussi vraiment « pignon sur rue » et non acheter sur Internet ou auprès d’exposants venus parfois d’on ne sait où dans certains salons, parce que c’est moins cher ou que le discours est prometteur.

La santé n’a pas de prix, surtout lorsqu’il s’agit d’un sujet comme celui des défenses immunitaires, essentielles pour lutter contre nombre d’agressions potentielles virales ou bactériennes de notre environnement.

 

[1] La prophylaxie désigne le processus actif ou passif ayant pour but de prévenir l'apparition, la propagation ou l'aggravation d'une maladie.


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