fermer

La peur de l’inconnu est une sensation humaine des plus répandues et tout ce qu’il y a de plus normale. Le Covid19, la maladie provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2, a donc de quoi justifier de nombreuses craintes, car porteuse de nombreux points d’interrogation au moment de l’apparition de la pandémie. Mais pour certaines de ces craintes, poser tranquillement les données du problème permet déjà de répondre à la question. C’est notamment le cas d’une transmission éventuelle par les moustiques.

Vrai ou faux ? Les piqûres de moustique pourraient favoriser l’épidémie de Covid19 en raison du virus présent dans le sang des personnes contaminées (image fernandozhiminaicela via Pixabay).

Des milliers d’experts en virologie

Comme le disait récemment un de nos amis, « le Covid19, c’est comme un match de football : sur le terrain, il y a 22 joueurs et un arbitre, plus un entraîneur et 3 ou 4 remplaçants par équipe, mais dans les gradins il y des milliers d’entraîneurs et d’arbitres, qui savent mieux que tous ce qu’il faudrait ou aurait fallu faire ».

À partir de février 2020, le courrier des lecteurs de la presse et surtout les réseaux sociaux ont ainsi vu apparaître, en quelques jours, des milliers de spécialistes en épidémiologie et en virologie connaissant visiblement mieux le sujet que les scientifiques ayant fait de longues études et bénéficiant de longues années d’expérience, même (et surtout) si nombre de ces scientifiques reconnaissaient notre peu de connaissance sur ce nouveau virus et la maladie qu’il provoque.

Parmi les nouvelles inexactes diffusées (voir par ailleurs notre article ici) a rapidement figuré l’affirmation que le Covid19 pouvait être transmis par les piqûres de moustique et qu’il fallait encore plus que jamais combattre la prolifération de cet insecte, déjà susceptible de transmettre des maladies comme la dengue ou le chikungunya.

L’été, c’est la saison des moustiques ! (image Hans via Pixabay)

La plupart des Français ne disposant pas des connaissances de base pour juger de la véracité de cette affirmation – ce qui est normal – on vit ainsi à plusieurs reprises la question posée lors des séances quotidiennes de réponses mises en place par tous les médias, radio, télévision ou journaux. Souvent très brève, place ou minutage obligeant, la réponse ne fut malheureusement pas toujours aussi convaincante qu’on aurait pu le souhaiter. Tout le monde ne fut donc pas forcément rassuré, la question continuant à être posée tout au long des semaines de développement de la pandémie.

Si l’épidémie est en régression en Europe à l’heure où nous écrivons ces lignes, l’arrivée de la saison des moustiques associée à la non-disparition évidente du virus, même s’il circule donc moins, rend nécessaire de rassurer quant à la possible transmission du SARS-CoV-2 par les piqûres de moustique.

Comment les moustiques transmettent-ils les maladies ?

Seule les moustiques femelles piquent, en fait. Après son accouplement avec un mâle, une moustique femelle a besoin de protéines pour permettre aux œufs qu’elle va pondre de se développer, des protéines qu’elle trouve dans le sang des « victimes » qu’elle va aller piquer (hommes, mammifères, oiseaux).

C’est lorsqu’elle prélève ce sang que la femelle est susceptible d’emporter en même temps tout agent pathogène (virus, bactérie ou parasite) qui y est éventuellement présent. Un agent pathogène qui peut alors se développer dans le moustique-hôte, puis contaminer ensuite toutes les personnes ou animaux qu’il piquera ensuite. Heureusement, toutes les espèces de moustiques ne sont pas « vecteurs », c’est-à-dire capables de transmettre ces agents pathogènes ? Pourquoi ? Car ils auront été tout simplement digérés - c’est-à-dire détruits ! - par la plupart des espèces de moustiques.

Dans la pratique, sur les 67 espèces présentes en France et dans les DOM-TOM, seules trois genres (groupes d’espèces) sont des vecteurs potentiels. Le premier, dans le sens où il est le plus répandu en France, est le genre Culex, auquel appartient le « moustique commun », qui est capable de transmettre le virus du Nil occidental (VWN en anglais). Mais en 2018, seuls 25 cas d’infection humaine locale à VWN ont été identifiés en France, et encore, uniquement sur le pourtour méditerranéen français. C’est une maladie donc rare.

Le second genre capable de transmettre une maladie est Anopheles, qui fut longtemps le vecteur spécifique du paludisme (ou « fièvre des marais ») en France métropolitaine et en Corse. Mais ce paludisme a aujourd’hui totalement disparu du territoire français, sauf à Mayotte et en Guyane.

Enfin, il y a les moustiques du genre Aedes, principalement le sous-genre Aedes aegypti, vecteur de la fièvre jaune, de la dengue, du zika ou du chikungunya, et le sous-genre Aedes albopictus, le fameux « moustique tigre », également capable de transmettre la dengue (il en est le vecteur principal), le chikungunya, la fièvre jaune, le zika. Mais là aussi, inutile de s’inquiéter outre mesure actuellement : en 2018, seuls 8 cas autochtones (non importés) de dengue ont été déclarés en France, ainsi que 6 cas importés de chikungunya. Outremer par contre (Mayotte et La Réunion), le risque est réel. Et si au 1er mai 2020 (selon les données de Vigilance-moustiques, site qui publie chaque année la carte actualisée du moustique tigre département par département à partir de données officielles), on considérait que le moustique tigre (signalé pour la première fois dans l’Hexagone en 2004) était « durablement implanté » dans 58 départements, DOM-TOM non inclus, soit 7 de plus qu’il y a un an, il n’est nullement à l’origine de la diffusion de la dengue, du chikungunya et du Zika. Des maladies dont les symptômes, à peu près les mêmes dans les trois cas, sont heureusement très loin de ceux du Covid19 : fièvre, douleurs musculaires et articulaires, maux de tête, éventuellement nausées et vomissements.

Seuls certains moustiques peuvent transmettre spécifiquement certaines maladies précises (image jcomp via Freepik).

Des maladies qui ne sont pas épidémiques au sens strict

Un point important est de plus à noter : ces maladies passant par un vecteur extérieur (le moustique) ne sont pas épidémiques. C’est-à-dire qu’une personne atteinte ne peut pas contaminer directement une autre personne : il faut qu’elle soit piquée par un moustique sain qui, une fois devenu porteur du virus, ira piquer et contaminer quelqu’un d’autre. D’où l’importance de surveiller les personnes malades revenant de pays qui sont des zones à risque, non seulement pour les soigner mais aussi pour éviter qu’elles soient une nouvelle fois piquées en France.

En outre, tous les genres de moustiques présents en France cités plus haut, moustique tigre y compris, ne sont pas systématiquement vecteurs (porteurs) d’un de ces virus. Être piqué ne veut pas dire qu’on sera obligatoirement contaminé !

Le Covid19 n’est pas une maladie sanguine

Pour revenir au Covid19, il faut rappeler que c’est une maladie respiratoire, son coronavirus se transmettant pas les gouttelettes et micro-gouttelettes présentes dans les voies respiratoires (poumons, fosses nasales, bouche…), d’où le risque lorsqu’on éternue, tousse ou simplement parle trop près de quelqu’un (via les postillons, même les plus petits). Des (micro-) gouttelettes qui peuvent bien sûr être éventuellement excrétées sur les mains ou sur une surface extérieure (poignée de porte, objet quelconque…). D’où l’intérêt des principales mesures-barrières bien connues :

  • se désinfecter régulièrement les mains (savon ou gel hydro-alcoolique) et toutes les surfaces susceptibles d’avoir été contaminées ;
  • rester à distance de ses interlocuteurs ;
  • porter un masque dans les lieux très fréquentés, comme précaution ultime ;
  • tousser ou éternuer dans le creux du coude… et ne pas y mettre ensuite vos mains (ce qui est rarement rappelé !) et changer au plus vite le vêtement pour le laver ;
  • utiliser des mouchoirs en papier…

… et ne jetez pas les mouchoirs en papier et les masques à usage unique dans la rue !

Masques de protections et désinfection des mains : des mesures concrètes et efficaces contre le coronavirus (image KlausHausmann via Pixabay).

Toutes les données actuelles vont dans le sens d’une absence de coronavirus dans le sang ou avec une virulence si faible (comme sur une surface après plusieurs heures : ce n’est pas du virus « vivant ») qu'il n'y a pas de risque. Quelques cas d’une présence dans le sang chez des personnes malades ont été ponctuellement signalés, mais visiblement pour des personnes très atteintes, c’est-à-dire hospitalisées, avec une infection généralisée touchant tous les organes et le sang par « ricochet ».

De toute façon, comme vu plus haut, la plupart des virus sont digérés par les moustiques, seuls certains virus n’étant pas spécifiquement digérés par certains moustiques tout aussi précis. À ce jour, face à ce nouveau coronavirus, dans l’hypothèse (non prouvée, comme souligné à l’instant) où il y en aurait dans le sang, aucune espèce de moustique ne s’est encore « adaptée » : en sa présence, le considérant comme un élément « étranger », le moustique va faire ce qu’il fait dans la plupart des cas, c’est-à-dire qu’il va le digérer. Le coronavirus ne peut donc se multiplier dans le corps du moustique hôte, comme le feraient éventuellement certains germes spécifiques.

Le moustique n’est donc pas un vecteur du Covid19. Ce qui n’empêche pas, bien sûr, de tout faire pour éviter de se faire piquer, parce que c’est désagréable et qu’il peut être le vecteur d’autres pathologies, même si elles restent donc rares en Métropole. Pour cela, il faut utiliser tous les moyens à notre disposition, depuis l’éradication des possibles endroits où les femelles peuvent pondre leurs œufs (eau stagnante) jusqu’à l’utilisation de répulsifs efficaces. Mais c’est un autre sujet (voir ici)…

Le Covid19 est une maladie respiratoire, pas sanguine (image AhmadArdity via Pixabay).


Inscrivez-vous à notre newsletter

Recevez tous les 15 jours en avant-première une revue de presse de nos articles et vidéos & des infos sur les derniers produits ajoutés