Un concept « Made in USA »
Apparus initialement comme ingrédients dans les compléments alimentaires et dans les premiers « aliments santé » (alias « alicaments », terme tombé en désuétude), les « superfoods » sont une tendance apparue au début des années 2000, comme bien souvent aux USA.
Ces ingrédients naturellement très concentrés en nutriments ont ensuite dépassé le cadre des compléments, enrichissant toute une série de produits alimentaires : barres, mélanges de céréales, boissons, smoothies et même plus récemment des cosmétiques, en raison de la tendance à y incorporer des ingrédients alimentaires voire « gourmands », pour plus de naturalité. Sans oublier l’utilisation directe de ces super-aliments comme ingrédients dans des recettes de cuisine, à la croisée du regain d’intérêt des consommateurs pour le « fait maison » et pour une alimentation plus « healthy », rejetant la « malbouffe ».
Aujourd’hui, ce sont les stars des réseaux sociaux et les chouchous des services marketing, appréciés des formulateurs pour leur concentration élevée en nutriments divers et donc forcément avec des bénéfices nutritionnels ou beauté potentiellement élevés.
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Une valeur nutritionnelle « exceptionnelle »
Impossible de citer dans ce court article les centaines d’aliments qualifiés de « super ». On y trouve des fruits et baies, des graines, noix et autres fruits secs, des légumes et légumineuses, des plantes aromatiques et/ou médicinales et des épices, des algues, des champignons, des huiles, des produits de la ruche… Une liste d’autant plus longue que les nutriments bénéfiques recherchés recouvrent quasiment tout ce qui existe (vitamines, minéraux, oligo-éléments, acides aminés, acides gras essentiels, flavonoïdes, phytostérols, enzymes, fibres, protéines, etc.) et que les sources se sont diversifiées via l’intérêt pour des matières premières exotiques, fruits notamment, que l’on a découvert relativement récemment comme étant des sources encore plus concentrées que les végétaux poussant sous nos latitudes.
L’expression récurrente pour tous ces aliments est leur valeur nutritionnelle « exceptionnelle » ou leurs propriétés sur la santé et l’organisme tout autant « exceptionnelles », ce qui les rendrait supérieurs à tous les autres aliments.
Pas de définition officielle et donc surveillés
Mais il n’existe aucune définition officielle et, en matière de promesses, de nombreuses dérives sont constatées, comme malheureusement souvent pour tout ce qui touche à l’alimentation et à la santé. La DCRRF, qui y porte un attention toute particulière dans ses enquêtes, souligne : « Le terme "super-aliment" doit être considéré comme une allégation de santé non spécifique étant donné qu'il suggère un effet pour la santé, et doit donc s'accompagner d'allégations de santé autorisées spécifiques. Ce terme n'est pas officiellement reconnu pour une catégorie spécifique de denrées alimentaires mais est une invention de marketing. Ce type de terme employé dans le domaine du marketing doit pouvoir être étayé au moyen d'allégations de santé probantes. Le fait que le produit soit uniquement une source d'une vitamine bien précise peut être considéré comme trompeur ».
Il n’en reste pas moins que les super-aliments ont sans le moindre doute de nombreuses vertus alimentaires et même médicinales, surtout quand ils sont consommés sous forme brute et fraîche. Ils ont donc toute leur place dans notre diète quotidienne, participant à une alimentation équilibrée. La base d’une bonne santé, c’est de manger de bonnes choses, variées, et les super-aliments ont le mérite de mettre en lumière tous les nutriments sinon souvent absents pour cause de malbouffe (aliments trop transformés ou provenant de cultures intensives non bio). Mais ils ne sont en rien des aliments « miracles ».