La crise du bio est abondamment commentée depuis 18 mois, en revanche que pensent les premiers concernés : les agricultrices et agriculteurs bio de France ? L’Agence BIO leur a donné la parole, 20% des 60 000 producteurs bio ont pris le temps de répondre au questionnaire. Les résultats de ce 1er baromètre du moral des agricultrices et agriculteurs bio ont été présentés ce 20 septembre en exclusivité sur le Salon Tech&Bio.
Le bio : un facteur d’attractivité du métier agricole, crucial pour remplacer les départs à la retraite
86 % des répondants déclarent qu’être en agriculture biologique contribue à leur bonheur et 95 % des répondants sont fiers d’être en bio. Le choix de l’agriculture biologique participe à donner du sens à leur métier, être en accord avec leurs valeurs et leurs aspirations.
« Le fait de passer en agriculture biologique m'a refait découvrir mon métier, et l’amour que j’avais pour ce métier. On est obligé de se remettre en question sur nos pratiques culturales, sur nos pratiques d’élevage, d’innover sous une contrainte, celle de se passer de pesticides synthétiques. » Anthony G. Polyculteur, éleveur bio
Produire en bio : un choix individuel qui sert l’intérêt collectif
Parmi les motivations majeures pour se convertir en bio, on compte : prendre soin de l'environnement (eau, sols, air, biodiversité) pour 85 % des répondants, préserver la santé (la sienne, de sa famille, ses proches, ses salariés, voisins, consommateurs) pour 77 % et retrouver la fierté de produire des aliments bons et sains pour 55 % des répondants.
Produire en bio est avant tout un choix individuel, mais pas égoïste, puisqu’il vise à prendre soin de soi, des autres et de l’environnement. « Être en bio, c’est proposer aux consommateurs des produits de qualité, dans le respect du bien-être animal, avec des animaux nourris à l’herbe au pâturage, et surtout de l’environnement : ne pas dégrader la qualité de l’eau. » François K. Eleveur bio
Soutenir le bio c’est soutenir une agriculture de proximité et citoyenne
Les agricultrices et agriculteurs bio sont 62 % à exprimer leur confiance quant à l’avenir du développement du bio, un optimisme encore plus marqué parmi ceux engagés en 100 % bio avec 68 % de confiance exprimée. Toutefois, en entrepreneurs avisés, les bio sont aussi très préoccupés par les nombreuses difficultés auxquels ils doivent faire face.
- 50 % déplorent la faiblesse de plus-value sur une ou toutes leurs productions
- 43 % s’inquiètent de la suppression des aides au maintien
- 38 % à devoir faire face à l’alourdissement et l’augmentation des dépenses liées à la production et la main-d’oeuvre.
« Je pense que le bio s’en sortira à un moment donné, mais c’est vrai que là, on vit des moments qui sont difficiles. » Sophie-Charlotte D. Arboricultrice bio
Pour les agricultrices et agriculteurs bio, des solutions existent pour surmonter leurs difficultés et maintenir leur production en bio. Ils en appellent au collectif, du citoyenconsommateur à la puissance publique afin de :
- vendre au juste prix la production agricole bio (55 %)
- renforcer l’information du grand public sur ce qu’est l’agriculture biologique, ses bienfaits (51%)
- renforcer les aides (46 %)
- baisser les charges (40 %)
- développer l’organisation des filières (38 %).
L’humain, plus que la technique, au coeur de l’ADN des bio
Produire en bio nécessite de nombreux savoirs et les agricultrices et agriculteurs bio visent une amélioration constante de leurs pratiques.
S’ils sont 72% des répondants à ne pas avoir suivi de formation initiale en AB avant leur conversion ou leur installation, ils sont 56% à déclarer suivre une formation au moins une fois par an. Les agricultrices et agriculteurs bio s’appuient aussi sur différents types d’entraides pour conduire leur exploitation : famille, conjoint, ami, etc. et 78 % se font accompagner par des structures de développement et d’accompagnement (Chambres d’Agricultures, ONVAR, associations ou autres….) pour optimiser leur activité. « L’agriculture biologique c’est un tout, ce n’est pas seulement de ne pas utiliser les pesticides et les engrais chimiques. Il y a aussi tout l’aspect humain. » Philippe H. Maraicher bio
Quel rôle pour le bio dans la transmission et la relève des départs en retraite ?
Dans un contexte de départ massif à la retraite dans les 10 ans, le bio aide à recruter les nouveaux talents, y compris en dehors du milieu agricole. 50% des agriculteurs bio sont Non Issus du Milieu Agricole (NIMA), réservoir de candidats à la reprise, prouvant l’attractivité des pratiques du cahier des charges bio.
De plus, entre 24 et 48% des candidats à l’installation, suivant les régions, souhaitent s’installer en bio.
La question de la formation et de la communication sur le bio dans l’enseignement agricole et non agricole est primordiale pour constituer la relève d’un secteur agricole confronté à un défi générationnel et une fracture entre ville et champs.
64 % des plus de 60 ans ont un projet de transmission de leurs fermes, et l’enjeu est que ces fermes restent en bio. Les 60 000 fermes bio de France constituent un patrimoine national qui donne à la France sa position de championne européenne de la production bio et qu’il faut préserver à tout prix au nom de la souveraineté alimentaire, et de notre objectif de 18% de surfaces en bio.
Pour éviter une régression en surface et nombre de fermes bio, qui serait dommageable pour la transition alimentaire et agricole en cours, il est crucial de pouvoir faciliter l’installation et pérenniser des débouchés pour les aspirants au bio. Il est désormais nécessaire de piloter le marché bio autant par l’offre que par la demande et d’avoir une consommation alimentaire cohérente avec nos ambitions de transition agricole.
Méthodologie de l’enquête L’approche mixte du Baromètre du moral agricultrices et agriculteurs bio : Approche quantitative :
Les résultats de l’enquête quantitative sont significatifs par région et production principale. Approche qualitative :
L’approche qualitative illustre les résultats de l’approche quantitative. |
Créée en novembre 2001 et dotée d’une mission d’intérêt général, l’Agence BIO est un groupement d’intérêt public en charge du développement, de la promotion et de la structuration de l’agriculture biologique française. Elle rassemble au sein de de son conseil d’administration des représentants des Pouvoirs Publics – le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire et le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires – et des professionnels (FNAB, Chambres d'agriculture France, Synabio, FCD, Synadis Bio, Interbio, et la Coopération Agricole). Ses missions principales : communiquer et informer sur l’agriculture biologique et ses vertus environnementales. Produire, analyser et partager les chiffres du bio avec l’Observatoire National. « Être une instance » de dialogue entre l’amont agricole et l’aval industriel, entre les bios historiques et les plus récents. Investir le Fonds Avenir Bio de 13 millions d’euros sur les projets collectifs d’entrepreneurs du bio les plus structurants et les plus pérennes pour les filières bio françaises.