Le CBD et d’autres produits à base de chanvre sont devenus très tendance depuis plusieurs années, et ce d’abord dans le monde de la Bio avant même que ne fleurissent des boutiques spécialisées sur ce créneau. La réglementation sur ces produits a changé fin 2022.
Le CBD (acronyme de cannabidiol) désigne un des cannabinoïdes naturellement présents dans le chanvre, à l’instar du THC (tétrahydrocannabinol). Il est présent en quantité équivalente dans le « chanvre cultivé » alias « industriel » (Cannabis sativa sativa) et dans le « chanvre indien » ou « afghan » (Cannabis sativa indica ou afghanica), également connu sous le nom de marijuana. Ce dernier est cependant beaucoup plus riche en THC (5 à 10 voire 30 %), substance hautement psychoactive et donc potentiellement dangereuse, d’où son usage comme drogue. Le chanvre cultivé contient par contre moins de 1 % de THC. Le CBD ne possède par contre pas d’action psychotrope, mais apporte des bienfaits en matière de bien-être et même quelques bénéfices thérapeutiques, sous certaines conditions.
Dans la pratique, le « mot » CBD désigne aujourd’hui une vaste gamme de produits en contenant : huiles, graines, fleurs et feuilles, tisanes prêtes à l’emploi, chocolat… Mais pour pouvoir être vendus en France, selon une législation en vigueur depuis août 1990, précisée en juillet 2018, la teneur en THC doit être inférieure à 0,3 % dans les parties de plantes, les produits dérivés devant être totalement exempts de THC (alors que la réglementation européenne tolérait aussi 0,3 % maximum de THC). Dans le cas contraire, tout ceci est considéré comme un stupéfiant.
Le 30 décembre 2021, un arrêté français avait stipulé, en sus d’autres exigences, que « la vente aux consommateurs de fleurs ou de feuilles brutes sous toutes leurs formes, seules ou en mélange avec d’autres ingrédients, et notamment comme produits à fumer, tisanes ou pots-pourris, [ainsi que] leur détention par les consommateurs et leur consommation sont interdites ». Raison invoquée ? La difficulté, pour les forces de l’ordre de faire la différence immédiate (aspect et odeur) entre la fleur de cannabis CBD et celle de fleur de cannabis THC.
Des acteurs de la branche s’étant mobilisés, cet arrêté avait été suspendu le 24 janvier 2022, dans l’attente d’une décision du Conseil d’État. Celle-ci a été publiée le 29 décembre 2022 : « la consommation de fleurs ou de feuilles de variétés de cannabis ayant une teneur en THC inférieure à la limite légale de 0,3 % de THC ne comporterait pas de risques pour la santé publique ». L’interdiction en décembre 2021 de la vente de fleurs et de feuilles de chanvre CBD, considérée comme « disproportionnée », a donc été annulée. Tous les produits de chanvre contenant du CBD, y compris ces fleurs et feuilles, sont donc autorisés à la vente, dès lors que leur taux de THC reste inférieur à 0,3 %.
Attention néanmoins, il faut bien entendu que les allégations faites ne soient pas d’ordre thérapeutique. « Aider au sommeil » ou « atténuer l’anxiété et le stress » sont ainsi par exemple tolérés, mais pas de parler de propriétés anti-inflammatoires ou antalgiques. La prudence s’impose aussi en raison d’interactions possibles entre certains médicaments et le CBD, dont la vente reste par ailleurs interdite aux mineurs et l’usage déconseillé aux femmes enceintes ou allaitantes.
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