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Depuis plusieurs années, le statut vegan des produits alimentaires et même cosmétiques est devenu un argument de vente des plus récurrents. Pourtant, la consommation vegan ne décolle toujours pas en France.

En 2018, une enquête réalisée pour FranceAgriMer et le CNIEL avait montré la différence importante existant, dans la plupart des pays européens étudiés, entre le nombre de personnes se déclarant vegans (1,1 % en France) et celles ne consommant pas de produits d’origine animale (0,4 % en France). Les chiffres sont en fait très variables selon les sources : une autre enquête, réalisée par l’IFOP en 2020, donne de son côté comme résultat que 2,2 % de la population ne mange aucune viande, dont 1,9 % de végétariens (qui peuvent consommer des œufs ou des produits lactés) et 0,3 % de végétaliens (aucun produit d’origine animale)…soit environ seulement 200 0000 végétaliens que l’on peut, pour l’alimentaire, assimiler aux vegans (même si leur définition est encore plus stricte).

Ce chiffre est plus ou moins stable depuis plusieurs années, restant par ailleurs très loin de ce que l’on constate pour des pays comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni, même si les générations les plus jeunes sont plus sensibles à ce sujet. À noter que, globalement, il y a moins de vegans/végétaliens dans les pays « latins » (Europe du Sud), en particulier en raison de leur histoire culturelle (religieuse).

Axer une communication de vente très active sur l’aspect vegan des produits semble donc disproportionné par rapport au nombre effectif de consommateurs vegans (qui, selon l’étude de l’IFOP, sont majoritairement célibataires, n’ont pas d’enfants, surtout des femmes, des jeunes, urbains, diplômés, appartenant aux catégories socioprofessionnelles moyennes ou supérieures).

Une communication trop « active » peut être d’autant plus mal perçue que les actions très militantes, parfois violentes, de certains activistes vegans, tendant à culpabiliser les « carnivores », choquent nombre de « Français moyens ».

Il n’en reste pas moins que 74 % des répondants se sont dits omnivores dans l’étude IFOP mais 24 % flexitariens. Par ailleurs, 18 % des flexitariens et 19 % des omnivores limitent néanmoins leur consommation de viande. L’argument environnemental (« urgence climatique ») interpelle en effet de plus en plus de monde (la production animale a un fort impact carbone), ainsi que l’argument santé (même si certaines études sur l’impact santé de la consommation de viande rouge ont été mal interprétés : une augmentation du risque de cancer n’est pas une augmentation du nombre de cancers !). La consommation de viande en France a d’ailleurs baissé de 12 % en 10 ans entre 2008 et 2018 (source CREDOC).

En résumé, la promotion des produits vegans doit impérativement se faire de façon « subtile » (pour toucher le plus grand nombre) et sûrement pas sur le mode culpabilisateur. Il faut par exemple intégrer le fait que si 56 % des répondants de l’étude IFOP estiment que produire de la viande a un impact négatif sur l’environnement (ce qui ne les empêche pas forcément d’en consommer), 60 % pensent que le poisson est plus sain que la viande et ne sont donc pas des vegans potentiels. Enfin, il ne faut pas oublier que les produits vegans sont aussi attractifs par la diversification des goûts et des recettes qu’ils offrent.

© lmage Jcomp via Freepik


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