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Les Français seraient les troisièmes plus gros consommateurs d’épices en Europe, derrière les Allemands et les Belges. La banalité de ces produits, utilisés au quotidien, a malheureusement pour conséquence que, souvent, les consommateurs manquent d’attention lors de leur achat.

Pratiquer le « marketing de la peur », c’est-à-dire détourner un client potentiel de certains produits en lui soulignant avant tout le risque qu’il prend à en consommer n’est jamais très élégant. Mais en matière d’épices, force est de constater qu’en raison de certaines pratiques, en particulier le marché non bio (majoritaire), des « sommets » sont atteints.

Preuve en est le rapport de contrôles publié par la DGCCRF en 2018. Ayant visité 181 établissements et fait 179 prélèvements, elle a constaté un taux d’anomalies de 51 %. Un quart des défauts portait sur le qualité, comme la présence d’ingrédients de substitution, des critères physico-chimiques non respectés ou la présence d’autres épices ou ingrédients non annoncés. Par exemple, un safran vendu comme de la « fleur de safran » était constitué à 100 % de fleur de carthame. Un échantillon de cannelle annoncé comme étant originaire du Sri Lanka était en fait de la cannelle chinoise, de moindre qualité et moins chère. 19 % des anomalies portaient sur une falsification par la présence de substances de charge, substances volontairement ajoutées pour augmenter artificiellement la masse du produit vendu et en diminuer le coût de revient : amidon, sel, matière minérale (sable), grignon d’olive…

Plus récemment, en 2021, les résultats d’analyses effectuées sur 30 curcumas, currys et paprikas par la revue Que Choisir ont confirmé ces problèmes. La revue a ainsi relevé dans les currys la présence de sel, de sirop de glucose, de farine de pois chiche ou encore d’amidon de pomme de terre. Pour les paprikas, ce qui inquiète, c’est la présence, dans 80 % des produits analysés, de 7 à 20 % de résidus de pesticides différents « dont à chaque fois au moins un produit suspecté d’être perturbateur endocrinien, cancérogène ou toxique pour la reproduction pose question ». Pour les curcumas, c’est la teneur en curcumine variant du simple au double qui interpelle (signe d’une qualité très variable), ainsi que la contamination par des pesticides et par des toxines issues de moisissures, sans oublier la présence de diverses matières végétales qui ne devraient pas être présentes.

En faisant le choix d’épices bio, en particulier celles des marques « historiquement » présentes dans le réseau spécialisé depuis des années, en général passionnées par leur métier (sélectionnant rigoureusement les origines, pratiquant par exemple la mouture sur meule de pierre…), le consommateur est à l’abri de ces désagréments (et des risques qui y sont attachés). À l’instar de ce qui se pratique dans les épiceries fines qui vendent des épices, il est donc impératif de bien connaître les marques bio que l’on représente pour donner des explications précises sur leur provenance et leur mode de production. De plus, les marques du réseau bio sont en général impliquées depuis longtemps, souvent pionnières même, dans le commerce équitable, et labellisées dans ce sens. Impératif quand on sait que la plupart des producteurs d’épices sont de petites exploitations, auxquelles les multinationales qui dominent ce marché imposent des conditions peu favorables.

© Image via Freepik


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