Le marché des compléments alimentaires est depuis plusieurs années sur une pente ascendante, tendance qui ne semble pas devoir s’arrêter. Cela ne signifie pas pour autant que son développement soit un « long fleuve tranquille ».
Ce n’est qu’au printemps 2023 que Synadiet, le syndicat français des compléments alimentaires, publiera son « baromètre » annuel permettant de connaître les chiffres précis du marché 2022. Mais il est probable qu’ils ne viendront pas contredire les tendances de l’année 2021, qui avait vu une croissance de 6 % (meilleur chiffre depuis 2014), atteignant 2,3 Mrd €, soit un doublement en 10 ans (1,05 Mrd € en 2012). C’est néanmoins surtout la pharmacie qui en profite principalement (+10 % en 2021 vs. 2020 et 50 % de part de marché), la grande distribution (-0,43 %) et surtout le réseau bio (-9,35 %) n’étant pas aussi performants (9 % de part de marché chacun).
Mais cet attrait croissant des Français pour les compléments alimentaires (CA), semblant pourtant avoir ainsi démontré que leur bien-fondé n’est plus mis en doute, continue à froisser certaines instances. Que la DGCCRF rappelle régulièrement que la qualité, l’origine et l’emploi des compléments doivent être encadrés se comprend aisément. Mais le 28 juillet 2022, l’Académie nationale de médecine a publié un communiqué dans lequel elle émet plusieurs critiques majeures (www.academie-medecine.fr/complements-alimentaires-utiliser-avec-discernement).
Le Synadiet n’a pas manqué de répondre à ces critiques, par un communiqué en retour. Tout en déplorant entre autres « la proposition conservatrice de l'Académie de médecine d'interdire un certain nombre d'ingrédients naturels actifs pour les réserver aux médicaments », rappelant aussi la législation stricte qui permet déjà d’encadrer ces produits, il « soutient pleinement la demande de l'Académie de médecine pour une meilleure formation des professionnels de santé aux compléments alimentaires » ainsi que celle portant sur une « bonne information des consommateurs ».
Quelles sont ainsi les conséquences à tirer pour le réseau bio, face d’une part au leadership de la pharmacie et aux critiques (attaques…) des plus hautes instances médicales ? La réponse se trouve dans le communiqué de Synadiet : la formation et l’information. Les affirmations (allégations) tant de certains vendeurs en magasin que de certains fabricants doivent notamment rester dans un cadre scientifique validé, sans exagération. Les CA n’ont jamais été et ne seront jamais des « produits miracles » et ne doivent pas être positionnés en opposition aux médicaments, même si la crise sanitaire a montré que, malheureusement, un grand nombre de Français sont sensibles à des discours qui relèvent parfois de la pseudo-science voire de théories « anti-système », « système » auquel sont régulièrement associés la médecine conventionnelle et la pharmacie, qui ont pourtant démontré leur capacité à améliorer la santé et à sauver des vies.
Le magasin doit impérativement faire le choix de marques s’appuyant sur la science, sur des faits, et à la traçabilité et à la qualité sans faille. Et surtout le personnel doit être hautement formé, régulièrement, pour afficher un professionnalisme également sans faille – posé et raisonné, sans dérapage pouvant faire douter certains consommateurs – ainsi apte à concurrencer l’aura qui entoure la blouse blanche des pharmaciens.
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