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(image Pixabay luxstorm)

Durable ? Durable !

Il n’y a pas si longtemps, la seule définition que connaissait le dictionnaire était : « Se dit de ce qui est de nature à durer longtemps ». Le mot est en effet directement issu, bien sûr, du verbe « durer », dans le sens « La fête dure depuis deux jours », « Cette mode ne durera pas » ou « Des chaussures qui durent encore » (exemples tirés du très complet Dictionnaire de la langue française Lexis Larousse).

Aujourd’hui encore, c’est le seul sens que reconnaissent la plupart des dictionnaires. Mais depuis quelques années, ce mot « durable » est utilisé pour qualifier des actions ou objets permettant de conserver à long terme de l'équilibre écologique de la Terre : « développement durable », « agriculture durable », « économie durable »…

Ici, c’est bien de durabilité et d’économie(s) dont nous voulons parler, mais au sens initial de ces termes, à savoir comment faire durer au mieux certains cosmétiques, pour faire des économies… et bien sûr limiter le gaspillage !

Les fausses bonnes idées

Qui pense « économie » pense parfois « produits faits maison », pour lesquels il n’est pas difficile de trouver des recettes. L’idée de faire soi-même quelques produits est a priori séduisante mais les inconvénients sont aussi nombreux (nous en reparlerons dans un autre article) : coût des matières premières de qualité souvent élevé, complexité de certaines recettes, efficacité aléatoire et parfois à court terme, durée de vie limitée de certaines matières premières et surtout des produits finis, sensibles à l’oxydation et à la dégradation microbiologique.

Autre fausse bonne idée pour limiter les dépenses : se contenter d’utiliser des échantillons glanés à droite et à gauche pour les accumuler, comme le font parfois quelques personnes. Rien de plus normal en effet que de vouloir être sûr que le produit convient bien aux attentes et besoins de la peau ou des cheveux. C’est d’ailleurs aussi une façon de ne pas gaspiller, car cela évite de jeter un produit qui ne convient pas, qu’on ne peut plus rapporter au magasin car entamé. Mais de là à accumuler les « échantillons gratuits » que l’on demande au marques d’envoyer « gratuitement » (elles sont inondées de telles demandes) ou bien accaparer un conseiller en magasin, pour finalement ne demander qu’un échantillon et ne jamais rien acheter, il y a une limite à ne pas franchir.

Entretenir au long terme sa peau avec uniquement des échantillons variés, sans réelle logique, signifie en effet que celle-ci ne bénéficiera jamais de l’action soutenue d’actifs en synergie (ce qui est le cas quand vous employez le nettoyant, le tonique et les crèmes de jour et de nuit d’une gamme précise). C’est également risquer, en passant rapidement d’une formule à une autre, de perdre les bénéfices certains offerts par les actifs… sans parler du risque multiplié de tomber sur des ingrédients, même bio, que votre peau ne supportera pas.

 

Prendre soin de sa peau avec des échantillons disparates ne peut pas être aussi efficace que l’emploi d’une gamme de produits agissant en synergie (image Pixabay sardenacarlo).

Enfin, qui dit « consommer bio », c’est-à-dire utiliser des produits naturels, respectueux de l’homme et de son environnement, dit également respect d’une certaine éthique. Et derrière ces échantillons auxquels certains estiment avoir « droit gratuitement », il y a aussi des entreprises (souvent familiales) pour qui ces échantillons sont une dépense, d’investissement certes, mais une dépense quand même. Il ne faut pas l’oublier.

Ne pas gaspiller

Vous pensez que les crèmes en tube sont plus « hygiéniques » que celles en pot ? Cela est plus ou moins exact mais n’est pas le sujet ici. Ce qui est certain en tous cas, c’est qu’à la fin il peut rester de 5 à 10 % de contenu dans le tube, qu’il est difficile de faire sortir. Alors qu’avec une crème en pot, en passant bien le doigt à l’intérieur, on ne gaspille rien. Une première solution, une fois qu’on arrive à la fin et que le tube semble vide, est de secouer celui-ci (bouchon fermé !) vers le bas, pour faire descendre le contenu vers la tête du tube. Pas mal de produit peut ainsi être récupéré ! Une seconde solution (conseillée également après avoir bien secoué le tube vers le bas) consiste à découper la partie basse (la plus) fine du tube, que l’on garde, puis une petite tranche du tube, que l’on jette. Cela permet d’avoir accès au produit à l’intérieur (idéalement plutôt avec une spatule, pas avec le doigt). Le fond du tube conservé sera utilisé comme « chapeau » pour refermer le tube ainsi largement ouvert. Cette méthode permet en général de prolonger de plusieurs jours l’utilisation d’un tube, souvent une semaine.

 

Il existe plusieurs astuces pour utiliser un tube à fond (image Pixabay EME).

Produit en flacon-pompe arrivé au bout ? Pensez à dévisser le bouchon avec son plongeur et faites descendre le reste du contenu en tapant le col dans le creux de votre main (attention si c’est un flacon très fragile en verre fin !). S’il s’agit d’un produit à la texture un peu épaisse, vous pouvez aussi faire « tourner » le produit dans le flacon, produit qui viendra se déposer autour du plongeur. Il suffit alors de sortir le bouchon-plongeur et d’essuyer sur le côté de la main le produit qui s’est ainsi collé sur le plongeur. Là aussi on peut récupérer quelques jours d’utilisation.

Plus rien ne sort de votre flacon de shampooing ? Ajoutez-y quelques centilitres d’eau tiède à chaude, agitez doucement (pour ne pas trop faire mousser) et versez le tout dans le creux de votre paume. Vous aurez au moins de quoi faire un lavage supplémentaire, voire 2 ou 3 en fonction de la quantité d’eau que vous aurez rajoutée. Bien que légèrement dilué, le shampooing sera encore largement efficace !

Usages détournés

Vous avez besoin d’un masque pour votre peau très sèche et vous hésitez à acheter un produit de plus ? Etalez la crème de nuit en couche plus épaisse qu’à l’habitude, laissez agir 10 à 15 minutes puis faites pénétrer par massage ce qui n’aura pas été absorbé et/ou tamponnez avec un mouchoir en papier. Vous pouvez aussi faire un masque pour les yeux avec une crème contour des yeux, même (et surtout) si vous l’avez choisie malheureusement trop riche, ce qui ne permet pas de l’utiliser au quotidien (car mauvaise base sous le maquillage).

Vous vous rendez compte que la crème visage que vous avez achetée ou qu’on vous a offerte est trop riche ? Utilisez-là comme un masque sur votre décolleté ou toute autre zone sèche.

Et pour un coup d’éclat sur une peau mature, mélangez un peu de gommage avec du lait nettoyant. Votre pot de gommage durera plus longtemps et votre peau sera plus lumineuse.

Vous venez d’appliquer votre crème ou un masque ? Il en reste toujours un peu sur les mains, en général suffisamment pour masser celles-ci avec (ne vous lavez pas les mains après bien sûr).

L’été est fini et vous avez encore du lait de protection solaire ? Si vous avez pris la précaution d’acheter des solaires de qualité formulés à base d’huile végétale (produits certifiés bio), cela vous fera un bon lait hydratant pour le corps après le bain ou la douche.

L’huile végétale que vous avez achetée pour le corps ou pour le visage ne vous satisfait pas ? Utilisez-là en masque pour les cheveux abîmés, en les massant pendant quelques instants puis en laissant reposer une dizaine de minutes. Faites ensuite votre shampooing habituel.

 

Shampooing périmé ou vraiment inadapté ? Pensez autres usages ! (Pixabay sasint).

Idem pour un shampooing, si vous vous rendez compte que celui que vous avez acheté ne vous convient pas (ou qu’il est périmé parce que vous l’avez oublié dans un coin), ne le jetez pas : il fera une excellente lessive pour votre linge délicat à laver à la main… ou la carrosserie de votre voiture ! Autre usage possible : dans une coupelle allongée assez grande, faites-y tremper quelques heures, sans le diluer, vos peignes. Cela permettra de les « décrasser » en détachant les pellicules mortes et le sébum qui s’accumulent en général à la base des dents. Après ce trempage, frottez les peignes sous l’eau tiède avec les doigts, en faisant éventuellement passer une petite spatule entre les dents.

« Inventer, c'est penser à côté » aurait dit Einstein : suivez son conseil !

Produits périmés ?

A propos de produits périmés, ne les jetez pas d’emblée ! Il y a quelques années, l’humoriste Roland Magdane avait posé dans un sketch une question très intéressante : « une boite de cassoulet a pour date de péremption le 15 septembre. Que se passe-t-il dans la nuit du 14 au 15 ? ». Rappelons que les produits cosmétiques se classent en deux catégories : ceux qui se conservent moins de 30 mois (qui doivent afficher une Date Limite d’Utilisation Optimale alias DLUO) et ceux qui se gardent plus de 30 mois (qui doivent afficher un logo indiquant la Période d’utilisation Après Ouverture alias PAO). En aucun cas il ne s’agit d’une Date Limite de Consommation (DLC) ou d’une Date Limite de Vente (DLV). Un produit cosmétique n’est pas un œuf frais ! Pour un produit avec PAO, vous pouvez l’utiliser encore quelques mois sans problème, surtout s’il n’a pas été ouvert. Et pour un produit avec DLUO, pendant plusieurs semaines souvent.

Vous jugez néanmoins que votre crème visage, arrivée en « fin de vie », a perdu de son onctuosité et son parfum (sans sentir mauvais cependant) ? Elle fera une excellente crème de massage pour les pieds.

 

Un cosmétique peut servir pour un usage qui n’est pas celui qui était initialement prévu (image Pixabay andreas160578).

Conservé dans des conditions inadéquates et pas utilisé depuis longtemps, votre crème ou votre masque a « décanté » (eau et huile se sont séparés) ? Il n’est pas devenu inactif pour autant. Prenez une spatule ou un manche de couvert propre et mélangez le tout délicatement : vous pourrez encore l’utiliser. Mais vérifiez quand même si l’odeur vous paraît normale : il ne faudrait pas que le produit se soit effectivement dégradé ou ait été dégradé par une contamination microbiologique.

Votre huile pour le corps a perdu son odeur naturelle agréable ? Attention, même un produit aussi simple de composition peut se dégrader. Si une huile sent « bizarre », c’est qu’elle commence à rancir : ne l’utilisez plus. Mais il est peut-être encore temps de s’en servir aussi comme huile de massage pour les pieds, pour assouplir la peau cornée parfois douloureuse. Un produit plus complexe (crème, lotion…) qui ne sent plus très bon doit par contre être malheureusement jeté, car les risques de dégradation chimique ou microbiologique sont bien plus importants.

La qualité et l’efficacité sont économiques

La première règle pour ne pas gaspiller reste de choisir un produit de qualité, adapté réellement à votre type de peau. Nous entendons souvent des femmes dire que leur crème de jour leur convient « parfaitement »… mais qu’elles en remettent en journée parce que leur peau « tire ». Mieux vaut acheter un produit un peu plus cher mais qu’on n’est pas obligé de remettre ! C’est aussi une façon d’économiser.

Une dernière suggestion, si votre budget est limité et que vous ne pouvez pas acheter les quatre produits qui font, en synergie, l’efficacité d’un soin (nettoyant, tonique, crèmes de jour et de nuit). Utilisez au minimum le nettoyant et la crème de nuit. Pour prendre un exemple « ménager », si vous avez un joli meuble que vous devez entretenir, le protéger c’est bien, mais quand on le « nourrit » (avec de l’huile de lin, de la cire…) on le fait toujours en le débarrassant au préalable de la poussière. Votre peau mérite au moins aussi bien que vos meubles, non ?


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