Parmi les raisons du passage à un mode de vie « bio », qu’il s’agisse des produits alimentaires mais aussi des cosmétiques, l’arrivée d’un enfant dans la vie d’un ménage est souvent citée parmi les premières raisons. Et c’est, de fait, une excellente raison ! Car d’une part la peau d’une future maman est soumise à un stress inhabituel, et d’autre part le bébé qu’elle porte est particulièrement exposé, à travers les produits de soin que sa mère est susceptible d’employer, à des substances qui peuvent lui être très préjudiciables.
Toutes les futures mamans sont belles…
Les futures mamans se sentent toujours radieuses, un épanouissement visible par tous. Mais si les hormones ont un effet bénéfique sur certains points, la peau devient plus fragile et plus sensible, et la prise de poids - naturelle - a des conséquences sur les tissus du corps. Il est donc important de préserver son capital beauté.
Etre enceinte sous-entend une bonne hygiène de vie (pas de tabac, alimentation équilibrée, exercice physique adapté), applicable également au soin du corps et du visage. La première règle est qu’il faut faire particulièrement attention aux produits employés : ce n’est pas le moment d’en utiliser de nouveaux, qui peuvent se révéler agressifs. Plus que jamais, c’est le moment de choisir des produits sûrs, respectueux de la peau et de la santé, choisis au sein de gammes de cosmétique bio avérée, comme nous le verrons plus loin.
Ventre et seins : les vergetures
Ventre et seins sont en première ligne pendant la grossesse, avec les vergetures, ces stries sur la peau dues à des déchirures des fibres élastiques du derme, en raison de la distension des tissus, stries rougeâtres au début, puis blanches ensuite. Elles concernent aussi les hanches, les cuisses et le haut des bras. C’est en surveillant la prise de poids qu’on les préviendra. Elles s’estompent en général naturellement et on les y aidera en les massant avec des crèmes adaptées et en évitant une exposition intense au soleil, si nécessaire avec une protection solaire maximale.
On fera aussi attention à préserver les tissus de soutien du buste. C’est le moment de découvrir l’efficacité des sérums tenseurs et des crèmes hydratantes pour le buste, trop souvent ignorées. Sachant qu’il faut raisonner comme le font les esthéticiennes : d’une part une crème cou et décolleté pour le « grand décolleté » (c’est-à-dire le cou et le haut du buste) et d’autre part un sérum tenseur pour la poitrine. Pensez aussi aux mouvements de gymnastique élémentaires pour muscler les pectoraux (joindre les mains devant la poitrine et en les poussant très fort l'une contre sur l'autre) et à bien vous tenir droite tout au long de la journée. Votre meilleur produit de beauté pour vos seins sera une douche froide après le bain. Certes pas vraiment agréable, mais efficace. |
Les vergetures sont un risque majeur chez la femme enceinte (Photo Pixabay dw-lifestylefotografie).
Jambes et corps
La sensation de jambes lourdes est fréquente pendant la grossesse. Il faut dormir si nécessaire avec les jambes surélevées, éviter les bains chauds et l’exposition solaire (utiliser une bonne protection solaire pour le corps), et plutôt que de s’épiler au rasoir (irritant), préférer la cire (ou l’épilation au sucre) : il n’y a rien de plus naturel comme méthode ! Eviter les crèmes dépilatoires conventionnelles riches en ingrédients chimiques. On trouvera sinon dans les gammes de cosmétique naturelle et bio des gels toniques, à appliquer en massant les jambes dans le sens bas en haut, du pied vers les cuisses. Là aussi les douches froides sont excellentes.
Pour laver le corps, le minimum est un savon doux, non agressif, et l’idéal un lait nettoyant pour le corps, hydratant et respectueux du pH de la peau. Pour les bains, évitez les bains moussants (dont les actifs assèchent en général la peau) pour préférer les huiles. Il est ensuite indispensable de bien hydrater la peau, avec des crèmes riches en acides gras essentiels ou éventuellement des huiles végétales pures, comme l’amande douce ou l’avocat, voire des beurres du type karité, cacao, cupuaçu ou huile de coco. A appliquer avec un massage circulaire.
Cheveux et ongles
Chez la femme enceinte, sous l’effet des hormones, les cheveux secs deviennent en général plus brillants, ont plus de volume et leur chute est ralentie. Les cheveux gras sont eux plus exposés, parfois cassants, leur état gras ne s’améliorant pas toujours, mais rien d’affolant. C’est la période par excellence pour oublier les shampooings agressifs et passer aux shampooings bio qui ne contiennent pas de PEG (Laureth sulfate de sodium par ex.), ce qui est le cas des marques avec un label de cosmétique naturelle et bio (NaTrue, BDIH, Cosmebio, Cosmos, etc.). Brossez les cheveux avec encore plus de douceur, et évitez les sèche-cheveux trop chauds. Et rassurez-vous : la chute des cheveux après l’accouchement est un phénomène normal et transitoire. Utilisez éventuellement des produits anti-chute en prévention.
Les ongles des femmes enceintes grandissent en général aussi plus vite et sont plus forts et plus beaux, là aussi sous l’effet des hormones, mais sous réserve que l’alimentation soit équilibrée.
Le visage
Commencer par un nettoyage doux, avec un lait nettoyant respectueux du pH et de l’hydratation de la peau, devenue sensible. Jamais de savon, qui rappelons-le, ne peut que déséquilibrer le pH de la peau (même quand il est bio ). L’effet peut être désastreux sur une peau, fragilisée, de future maman
La peau est en général plus sèche, mais parfois plus grasse voire acnéique. Changez bien sûr de gamme selon votre besoin, en prenant une gamme adaptée à votre (nouveau) cas, un petit masque purifiant de temps à autre faisant du bien aux peaux grasses. L’essentiel est de bien hydrater la peau (une peau grasse pouvant aussi manquer d’hydratation, ne l’oublions pas…) : outre les crèmes, vous pouvez aussi le faire avec un brumisateur d’eau thermale, ou encore en vaporisant de l’eau florale (bleuet, camomille, ou encore - sur une peau grasse - lavande).
La crainte principale concerne le masque de grossesse, ces petites taches brunes qui apparaissent sur le front, les pommettes et la lèvre supérieure. Il disparaît en général après l’accouchement, mais comme il est surtout dû aux UV, ne vous exposez pas au soleil sans écran intense, évitez les produits photosensibilisants (parfums) sur les zones exposées aux UV et utilisez systématiquement une crème de jour, surtout si elle garantit un minimum de filtrage anti-UV. Et le soir, un bon masque hydratant ou relaxant sera un « plus » certain.
On voit parfois aussi l’apparition de couperose, mais là aussi il existe en magasins bio d’excellents gels ou masques décongestionnants, anti-rougeurs.
Pour le maquillage, prenez des produits à la texture légère (poudre libre, éventuellement crèmes teintées hydratantes au lieu de fond de teint), et là encore, en choisissant du maquillage d’une gamme de cosmétique naturelle et bio certifiée, vous prendrez moins de risques.
Les cosmétiques : d’innombrables risques potentiels
Ces dernières années, les médias ont largement fait connaître une famille de substances présentes, entre autres, dans les cosmétiques (conventionnels) : les perturbateurs endocriniens. C’est-à-dire les substances susceptibles de perturber le bon fonctionnement des glandes endocrines, celles-là même qui sécrètent dans le sang les hormones. Des hormones qui jouent un rôle important dans la grossesse, pour la maman mais aussi pour le bébé qu’elle porte, pendant la gestation mais aussi après la naissance. Plus globalement, les perturbateurs endocriniens peuvent avoir un effet sur la fertilité, entraîner des malformations (effet tératogène), des mutations (effet mutagène, provoquer des cancers (effet oncongène ou cancérigène / cancérogène), abaisser l’âge de la puberté, pourraient même être une cause d’obésité, etc.
Mais la perturbation hormonale (via des perturbateurs endocriniens comme les phtalates, les parabens, le triclosan, sans doute certains filtres solaires organiques…) n’est pas le seul risque avec les produits chimiques présents dans certains cosmétiques. Nombre d’entre eux sont en effets allergènes (ex. la méthylisothiazolone, un conservateur qui a souvent remplacé les parabens), ont potentiellement des effets neurotoxiques (ex. phénoxyéthanol), hépatotoxiques (risque pour le foie, ex. encore phénoxyéthanol), reprotoxiques (entres autres certains silicones et siloxanes), etc. La liste, trop longue à faire ici, reviendrait à faire le « catalogue » de tous les risques avérés, supposés et/ou potentiels des substances chimiques (et parfois naturelles) employées dans un grand nombre de cosmétiques (surtout les cosmétiques conventionnels). Et on trouve ces substances dans tous les cosmétiques, qu’il s’agisse des soins du visage, du corps, des cheveux, des produits solaires, des parfums, du maquillage…
Pour être honnête, ce n’est pas en employant une seule fois, ou même de temps à autre, un produit avec un composant « douteux » que l’on créera une réelle cause de risque. Mais le problème est le fameux « effet cocktail » : ces substances, et d’autres, sont présentes non seulement dans nos cosmétiques, mais aussi dans notre alimentation (non bio…), dans les produits d’entretien, dans nos intérieurs (peintures et vernis, produits de traitement du bois, des tissus…), dans les objets du quotidien (en plastique notamment), via la pollution environnementale, etc. |
Tous les types de cosmétiques sont susceptibles de contenir des substances nocives, en premier lieu des perturbateurs endocriniens ou des allergènes (Photo Pixabay Bru-nO).
Et en matière de grossesse, ce risque est multiplié pour le fœtus nourri par le sang de la mère via le placenta, par le fait que son métabolisme est perturbé par des doses bien plus faibles que celles qui auraient un effet sur un adulte voire qui seraient inoffensives pour ce dernier.
Alcool, colorations, vernis à ongles…
C’est par exemple le cas de l’alcool : aux doses employées en cosmétique, et vu son emploi exclusivement externe, le risque est normalement très faible pour un adulte, sauf sur des peaux très sèches et (hyper)sensibles. Mais pour le fœtus, même les doses infimes d’alcool qui peuvent lui parvenir peuvent avoir à terme des effets cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques, ce qui doit amener à la prudence.
Autre exemple de produits à bannir lorsqu’on est enceinte : les colorations capillaires chimiques. Déjà peu recommandées de façon générale (elles peuvent être irritantes, allergènes voire cancérogènes), les substances à risque qu’elles contiennent peuvent passer dans le sang du fœtus et causer des dommages. Conclusion : aucune (...aucune !) coloration capillaire chimique pendant une grossesse ! Si on tient absolument à se teindre les cheveux, il faut exclusivement utiliser des colorations végétales certifiées (et pas seulement des colorations simplement alléguées comme étant « à base de plantes » !).
Concernant le maquillage, un peu de fond de teint, rouge à lèvres, de fard à paupières ou de mascara de temps à autres, même de marques « conventionnelles » (non certifiées) n’est pas en soi préjudiciable. Mais autant s’en passer (voir plus haut le problème de l’effet cocktail) et si nécessaire s’en tenir à du maquillage certifié bio. Sachant néanmoins que la femme enceinte ayant une peau plus sensible, le contour des yeux déjà très sensible en temps normal peut devenir hypersensible : un mascara ou un contour des yeux qui convenait préalablement peut donc créer de l’inconfort. Rien d’affolant, mais il faut alors trouver d’autres références (bio…) qui conviendront mieux.
Autre gros « bémol » en matière de maquillage : les vernis à ongles. Les vernis conventionnels restent un cocktail de substances douteuses, certaines à la nocivité largement avérées, parmi lesquels des perturbateurs endocriniens, notamment des phtalates (exemple DEP). Sachant qu’il n’existe à ce jour quasiment aucun vernis à ongles certifié bio, ce type de produit est à bannir pendant toute la grossesse, ou à n’utiliser vraiment qu’exceptionnellement. Attention : beaucoup de vernis annoncés comme « (100 %) naturels » voire « bio » ne sont en fait que des vernis avec moins de substances douteuses.
Les parfums : à éviter
Dans la mesure du possible, les parfums et autres eaux de toilette sont aussi à éviter. Déjà, parce que l’odorat de la femme enceinte se modifie pour des questions hormonales, vous risquez de ne plus apprécier votre parfum habituel. En plus, la plupart des parfums (conventionnels) contiennent des substances à risque pour le fœtus (phtalates, composés nitromusqués, substances parfumantes allergènes… et bien sûr alcool). Mais parce qu’il est légitime d’avoir envie de sentir bon, optez ponctuellement, si besoin, pour des eaux florales bio (même si leur pouvoir parfumant est moins intense). Conseil : parfumez vos vêtements plutôt que de vaporiser directement votre peau
Les huiles essentielles
Dernier sujet et non des moindres, bien connu, celui des huiles essentielles. Un grand nombre d’entre elles contiennent des composés qui peuvent être réellement préjudiciables pour le fœtus, étant abortifs, reprotoxiques, neurotoxiques, etc. S’il est difficile de faire totalement la « chasse » aux huiles essentielles utilisées comme substances parfumantes dans les cosmétiques (surtout bio), on évitera d’avoir recours aux huiles essentielles pures (en fait même diluées dans une huile végétale, comme cela se fait couramment) pendant la grossesse, surtout par voie orale !
Concernant les huiles essentielles utilisées comme ingrédient, il faut vérifier dans la liste INCI des cosmétiques que ceux-ci ne contiennent pas une de celles vraiment interdites pendant toute la grossesse (achillée millefeuille, camphre, cannelle, cyprès, persil, sarriette, thym à linalol ou thymol, etc.) et même une de celles interdites passé les 3 premiers mois (bergamote, citron, citron vert, cumin, estragon, eucalyptus radié, gingembre, hélichryse italienne, laurier noble, lavande fine, lemongrass, orange, ravintsara, tea tree, etc.) Leur liste se trouve facilement sur Internet, entre autres de celles qui contiennent des cétones, neurotoxiques et abortives, interdites chez la femme enceinte (aneth, menthe poivrée, romarin verbénone, sauge officinale, etc.).
Certes, une bonne trentaine d’huiles essentielles sont autorisées en cas de grossesse, que l’on pourrait a priori utiliser, si elles sont choisies en qualité bio certifiée et d’une marque connue ayant « pignon sur rue ». Mais il sera plus simple, au quotidien, de renoncer totalement à l’aromathérapie, surtout par voie orale comme dit plus haut.
Future maman ? Exclusivement de la cosmétique bio !
Bref, à part les huiles essentielles, si possible à éviter totalement, de façon générale il faut opter pendant la grossesse pour la cosmétique bio certifiée afin de minimiser les substances à risques et un possible effet cocktail. Même les marques « dermocosmétiques » vendues en (para)pharmacie sont à considérer avec un œil suspicieux (car contenant très souvent des ingrédients chimiques, dont des conservateurs) et, dans le doute, à éviter.
L’autre conseil important est de limiter tant que possible le nombre de produits cosmétiques utilisés, en se tenant à l’essentiel (voir au début de cet article), ce qui suffira largement pour se sentir bien dans sa peau. Toutes ces recommandations restent bien entendu valables après l’accouchement si on nourrit au sein son bébé. Le passage au bio à l’occasion de la grossesse, avec la découverte de marques et de produits de qualité, efficaces et confortables, sera le bon moment pour s’y tenir pour toujours… |
Le recours exclusif à des cosmétiques bio par la maman ne s’arrête pas à la naissance de son bébé. Pour elle mais aussi pour le bébé, surtout si elle l’allaite (Photo Wikimedia Commons Anton Nosik).