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Dans le domaine des soins naturels et autres médecines douces, il existe certains produits incontournables depuis longtemps, parmi lesquels figure la propolis. Parfois décriée, ou à l’inverse parée de toutes les vertus, quelquefois exagérées, elle mérite cependant largement l’intérêt qu’on lui porte.

Une substance d’origine végétale et animale

La propolis est au départ une substance végétale résineuse, un exsudat que l’on trouve principalement sur les bourgeons de certains arbres, mais aussi sur les blessures de ces derniers. En Europe, il s’agit principalement du bouleau, du hêtre, de l’aulne, de l’épicéa, du peuplier, du prunier, du marronnier d'Inde et de l'orme. C’est à partir de cet exsudat que les abeilles fabriquent la propolis que l’on trouve dans les ruches : elles le mélangent avec de la salive et de la cire, cette dernière étant sécrétée, rappelons-le, par des « glandes cirières » situées sous l'abdomen de l'abeille.

Les abeilles ouvrières rapportent la propolis végétale dans des petites corbeilles situées sur leurs pattes arrière, comme elles le font avec le pollen. Le mélange résineux qu’elles fabriquent alors avec la salive et la cire est utilisé par les abeilles comme produit d'étanchéité pour combler les petits (5 ou 6 mm maximum) espaces ouverts indésirables de la ruche. Pour les espaces plus grands, elles utilisent de la cire. La couleur de la propolis (ainsi que sa composition) varie en fonction de son origine botanique, allant du blanc au presque noir, mais elle est en général brun foncé. Molle et collant à partir de 20°C environ, elle est dure et cassante aux températures plus basses.

Une substance aux usages variés dans la ruche

Les abeilles fabriquent donc cette substance en particulier pour boucher les trous de la ruche ou rétrécir les entrées afin d’éviter le passage de prédateurs et autres intrus. C’est cette fonction qui lui aurait donné son nom, du grec pro signifiant « devant » et polis « cité, ville » : la propolis serait ainsi la substance déposée à l’entrée de la ruche, la « ville » des abeilles. Mais selon certains auteurs, le mot viendrait du latin propol?re signifiant « enduire », la propolis étant en effet également utilisée pour enduire et lisser l'intérieur de l? ruche. Mais si le verbe polio signifie bien « rendre uni, égaliser, polir » (cf. justement le français « polir ») et aussi « mettre un enduit », aucun des dictionnaires latins que nous avons consultés (dont l’incontournable Gaffiot, connu de tous les latinistes) ne connaît le verbe propolire... D’ailleurs, les verbes latins s’énoncent en général conjugués à la première personne du singulier, et on devrait donc avoir propolio ! Encore un méfait d’Internet, « toile » où tout le monde se (re)copie sans aller vérifier les sources ?

Les connaissances croissantes sur la propolis ont montré que celle-ci avait en fait de nombreuses fonctions dans la ruche, en sus de celles citées à l’instant : elle sert de ciment pour renforcer la stabilité structurelle, isole la ruche contre la chaleur et l’humidité, réduit les vibrations, empêche le développement des germes et des moisissures, sert à embaumer (momifier) les cadavres d’intrus morts dans la ruche pour en empêcher la putréfaction…

Dépôt de propolis sur le rebord d’une ruche (image Abalg via Wikimedia Commons).

La composition de la propolis des ruches

La composition de la propolis, et donc comme dit la couleur, varient selon les saisons, d’une région à l’autre, selon le climat, voire d’une ruche à l‘autre. Dans les régions tempérées, plutôt au nord dans notre hémisphère, la propolis contient en général 50 à 55 % de résines d’origine végétale, 25 à 35 % de cire secrétée par les abeilles, 10 % d’huiles essentielles provenant des plantes sources, 5 % de pollen et 5 % de composés d’origines diverses : débris de bois, de végétaux, d’insectes, minéraux et oligo-éléments, etc. On trouve également de nombreuses substances à l’action acaricide, bactéricide ou fongicide ou « thérapeutiques », mais qui varient énormément selon les régions du monde. C’est la raison pour laquelle il est difficile d’extrapoler les bienfaits d’une propolis donnée à une autre.

La récolte de la propolis

Pour récolter la propolis, l’apiculteur n’a qu’à gratter les différents endroits de la ruche (cadres et corps) où les abeilles en ont déposé. Mais si on recherche à obtenir spécifiquement ce produit, il suffit de placer un grillage à mailles fines (plastique, métal, tissu synthétique) par dessus les cadres de la ruche, grillage que les abeilles vont s’empresser de recouvrir de propolis protectrice. On retire ensuite ce grillage et on le place au congélateur : en pliant le grillage, la propolis durcie tombera d’elle-même en s’émiettant.

Pour la purifier, il faut alors la dissoudre dans une solution alcoolique (méthode traditionnelle) puis la filtrer pour retirer les impuretés.

Propolis brute après récolte (image Goldmull via Wikimedia Commons).

Des propriétés réelles, mais très variées

Bien que fabriquée par les abeilles, la propolis est donc un produit d’origine végétale. En fonction ainsi des arbres utilisés comme matière première, sa composition va beaucoup varier, comme dit plus haut. Quand on l’utilise, son effet va donc refléter les composants issus de ces arbres.

Au total, la propolis peut contenir au moins 150 molécules actives, à des doses plus ou moins élevées : vitamines, minéraux, oligo-éléments, flavonoïdes, acides phénoliques, etc. Ceux qui doutent de l’efficacité de la propolis ne doivent pas oublier qu’elle représente une forme « d’extraction naturelle » de principes actifs des plantes (en l’occurrence d’arbres), via leur sève (exsudat, comme rappelé plus haut).

Certes, la propolis n’a pas encore fait l’objet de toutes les évaluations nécessaires pour prouver sa réelle efficacité thérapeutique de façon scientifique incontestable et systématique. Mais d’innombrables études cliniques ont déjà eu lieu, qui indiquent des pistes. Sa propriété la plus connue est ainsi son efficacité antibiotique sur de nombreux agents pathogènes (action antimicrobienne, antivirale et antifongique), démontrée à de nombreuses reprises. On connaît aussi son action cicatrisante sur les plaies. Elle permettrait aussi de lutter contre le stress oxydatif, c’est-à-dire qu’elle posséderait un rôle de capteur de radicaux libres, qui serait dû aux flavonoïdes qu’elle contient. Lors de tests de laboratoire, elle a également montré une capacité à inhiber la croissance de certaines tumeurs cancéreuses. Soulignons néanmoins que ces études cliniques sont toujours faites dans des conditions de laboratoire bien précises qui ne permettent pas de tirer des conclusions générales applicables partout et pour tout le monde.

Elle est cependant traditionnellement utilisée dans de très nombreux domaines, que cela soit par voie externe ou assimilée (pommades et crèmes, teintures mères, sprays pour le nez ou la bouche, bains de bouche, comprimés à sucer, gommes à mâcher…), ou par voie interne (comprimés, gélules…).

Par voie externe, elle est réputée être active dans la prévention et le soin des irritations, inflammations et lésions cutanées (coups de soleil, petites coupures ou écorchures, eczéma…), pour les soins bucco-dentaires (aphtes, hygiène buccale…), irritations de la gorge (angines…), etc. Elle est parfois également utilisée dans certains cosmétiques pour la peau et les cheveux, notamment pour apaiser, et même en cas de douleurs articulaires (rhumatismes). Par voie interne, la propolis est traditionnellement utilisée pour renforcer le système immunitaire et prévenir les problèmes des voies respiratoires supérieures (sinusites) ou inférieures (bronchites) en cas de refroidissement.

Elle est même utilisée chez les animaux de compagnie (chats, chiens, oiseaux), en général avec les mêmes bénéfices attendus que chez les humains, mais aussi pour la mauvaise haleine, le nettoyage des oreilles, le soin des coussinets des pattes, etc.

La propolis possède ainsi une vaste palette de bienfaits. Mais ce n’est cependant pas un « produit miracle » et il va de soi qu’il faut consommer des produits élaborés à partir de propolis de qualité, bio, parfaitement tracée, vendue par des entreprises ayant « pignon sur rue » (attention à l’achat sur Internet à des revendeurs proposant des marques de provenance floue). Et il faut surtout éviter les marques qui font des promesses qui n’ont pas lieu d’être, comme de lutter contre le cancer. La propolis n’est pas un médicament, même si ses bénéfices sont réels dans bien des domaines et que son utilisation participe clairement à améliorer notre santé et notre bien-être.

Il ne faut cependant pas oublier qu’en raison de plusieurs de ses composants (dérivés de l’acide caféique, cinnamate et salicylate de benzyle…) la propolis peut provoquer des allergies de contact. Elle ne convient donc pas à tout le monde.

L’hiver est la saison pendant laquelle on peut tout particulièrement bénéficier des bienfaits de la propolis (image silviarita via Pixabay).

 

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